Officiel. Les transporteurs mettent fin à leur grève

Camions de transport routier.

Camions de transport routier. . DR

Cette fois, c'est la bonne. Après avoir bloqué nombre d'activités commerciales, notamment au port de Casablanca, les transporteurs routiers ont décidé, dans leur totalité, de mettre fin à leur grève. Que s'est-il donc passé? Le récit.

Le 03/11/2018 à 16h16

La réunion marathon du ministre de l’Equipement et du transport, Abdelkader Amara, avec les représentants d’une vingtaine d’organes représentatifs des transporteurs routiers, ce samedi 3 novembre à Rabat, a été concluante. «La grève est terminée», nous confie un professionnel présent lors de ce dernier round de négociations qui aura duré plus de cinq heures. Au moment où nous mettions en ligne, le PV sanctionnant les décisions de la réunion étaient encore en cours de rédaction.

Le deal conclu par le ministère du Transport prévoit de soumettre au ministère des Finances une proposition introduisant le mécanisme du gasoil professionnel (selon lequel l’Etat rembourse aux professionnels le montant de la taxe intérieure de consommation, l’une des composantes du tarif du gasoil). "Le ministre s’est engagé à l’introduire dans le Projet de loi de finances 2019, actuellement en cours de discussion au parlement", poursuit notre source. 

Autre mesure phare d’ordre fiscal, celle se rapportant au différentiel de la TVA. Taxés à 14% pour l'activité "transport", les professionnels se sont toujours remontés contre la taxation du service qu’ils fournissent, assujetti quant à lui à 20%. Ainsi, il a été décidé de relever la taxe de 14 à 20% pour régler une fois pour toutes ce problème de butoir. 

Last but not least, s’agissant de la prime à la casse accompagnant le renouvellement du parc, le ministre se serait engagé à relever le montant de la prime qui varie aujourd’hui entre 140.000 et 190.000 dirhams.

Face à la multiplicité des syndicats représentatifs du secteur de transport routier de marchandises, le gouvernement a dû engager plusieurs séances de négociations pour convaincre l’ensemble des professionnels à mettre fin à la grève. Le ministre de l’Equipement et du Transport, Abdelkader Amara, avait ouvert le bal, mercredi 31 octobre dernier. Les professionnels présents lors de cette réunion, au nombre de 200 selon le chiffre annoncé par El Khalfi jeudi après le Conseil de gouvernement, avaient décidé de suspendre leur grève sans que cette décision puisse se concrétiser sur le terrain. Car ils sont loin de représenter tout le secteur.

Vendredi 2 novembre, le secrétaire d’Etat en charge du Transport, qui s’est éclipsé de la scène depuis le début de la grève, a reçu une délégation des transporteurs routiers de marchandises, affiliée à l’UMT. Comme ce fut le cas lors de la réunion de mercredi, le département Boulif a sorti un nouveau communiqué annonçant la fin de la grève. Le deal conclu, avant la réunion de ce samedi, se résume en cinq points:

- Cherté du gasoil: les grévistes réclament l’introduction du gasoil professionnel. Il a été décidé de créer une commission commune présidée par les professionnels, appelée à dégager une solution consensuelle à soumettre au chef de gouvernement.

- Surcharge: les grévistes insistent à enfreindre la loi et veulent être autorisés à dépasser la capacité tolérée par la loi à hauteur de 30%. Ce à quoi le gouvernement a répondu favorablement. « Dès lundi, une commission technique présidée par le secrétaire général se penchera sur ce dossier», promet le département de Boulif.

- Formation: Le gouvernement a accepté de financer la totalité des frais de formation (7500 dirhams) pour obtenir la carte professionnelle.

- Couverture sociale: L’étude est prête. Idem pour les aspects juridiques. Il ne reste plus que les décrets d’application, notamment en ce qui concerne la fixation des cotisations à ce régime.

- Renouvellement du parc: Boulif a demandé aux professionnels de lui soumettre d’urgence leur proposition en vue de l’intégrer dans le Projet de loi de finances 2019, avec ce que cela implique en termes d’allocations additionnelles destinées à l’élargissement de la base des bénéficiaires du soutient de l’Etat. A l'issue de la réunion de ce samedi, l'on apprend ainsi qu'en plus de l'extension du dispositif à de nouveaux bénéficiaires, le montant de la prime à la casse sera lui aussi revu à la hausse. 

Par Wadie El Mouden
Le 03/11/2018 à 16h16