Cash is king, disent les nostalgiques de l’Amérique version western. Au Maroc, le dicton est plus valable que jamais. La circulation fiduciaire a connu une envolée spectaculaire l’année dernière, bondissant de 10.8%, à 354,82 milliards de dirhams. L’augmentation est de 104 milliards de dirhams par rapport à 2019 et de 34 milliards de dirhams par rapport à 2021, indique le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du jeudi 9 février.
«Ce trend haussier s’expliquerait, selon les spécialistes, par plusieurs facteurs, et notamment l’inflation qui s’est établie à 6,6% au terme de l’année 2022. Concrètement, la flambée tous azimuts des produits à la consommation a radicalement changé les comportements des ménages qui adoptent des réflexes de prudence dans la gestion de leurs budgets, plombés par la cherté de la vie», de la vie.
La hausse des prix alimentaires a convaincu certains consommateurs de constituer des provisions. Ce qui, par conséquent, les amène à acheter plus qu’ils n’en ont besoin. Des dépenses supplémentaires qui influent sur le volume d’échanges des actifs liquides, divisibles, transférables et avec un coût de transaction nul. «Ces nouveaux comportements constituent un mauvais signal pour l’économie nationale car ils se traduisent par l’effondrement de l’épargne des ménages», écrit le quotidien.
Bank Al-Maghrib n’est pas restée les bras croisés face à la déferlante du cash. Mais force est de constater que si «techniquement tout est là, l’écosystème n’est pas là», comme le reconnaissait, fin décembre, le wali de BAM lors d’une mise au point sur le paiement mobile.
Les goulots qui étranglent l’activité du mobile money dans le Royaume n’ont rien perdu de leur vigueur. «Aujourd’hui, le Maroc vit un paradoxe. C’est un géant aux pieds d’argile qui dispose de champions dans le secteur bancaire ou encore la monétique», regrette Andrea Bises, expert en fintech et innovation, cité par Les Inspirations Eco.
A travers la stratégie nationale d’inclusion financière, le pays entend miser sur l’accélération de la dématérialisation des paiements des aides sociales en s’appuyant sur le paiement mobile et la réadaptation de la stratégie de l’éducation financière pour circonscrire le phénomène. Cela suffira-t-il? Le doute est permis.