Pour bien marquer leur colère envers leurs gouvernants et ceux de l’Union européenne, de nombreux agriculteurs ont observé une grève, en Espagne, en France et dans plusieurs pays d’Europe, où ils s’en sont pris aux produits issus de l’agriculture marocaine, qui y sont exportés.
C’est là la conséquence d’une crise profonde, qui touche les agriculteurs de l’UE, visiblement à la recherche de responsabilités à imputer à d’autres, étant confrontés à une série de difficultés, décrit La Vie Éco.
Alors que leurs griefs se concentrent avant tout sur l’accord de libre-échange qui a été conclu entre le Maroc et l’UE, ils ne jugent pas utile de rappeler que cet accord bénéficie aussi aux producteurs de blé et d’oléagineux de différents pays de l’Union, qui exportent une importante part de leur production au Maroc.
Cependant, l’impact ressenti par les exportateurs marocains reste faible. Interrogé par La Vie Éco sur les incidents qui ont récemment eu lieu, Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), a précisé n’avoir «relevé aucun incident auprès des exportateurs marocains, avec lesquels [la Comader reste] en contact permanent».
Selon le président de la Comader, les «exportateurs [marocains] acheminent leurs produits jusqu’à Perpignan, près de la frontière espagnole, puis ce sont les opérateurs français qui prennent le relais».
Bien que ces mouvements de grève dans le monde rural des pays de l’UE ne peuvent se prolonger éternellement, comme a pu l’être le mouvement des Gilets jaunes, ce mouvement de colère des agriculteurs de l’Union risque probablement de se poursuivre, encouragé par des partis de droite et d’extrême-droite, qui s’emparent de manière opportuniste de leurs revendications, à l’approche de l’échéances des élections européennes.
La Vie Éco précise donc que, confronté «à cette levée de boucliers de certains partis politiques et des agriculteurs dans certains pays européens contre la menace que ferait peser le Maroc sur la souveraineté alimentaire européenne, de nouveaux débouchés pour les produits phares de l’agriculture marocaine doivent être étudiés».
Selon le président de la Comader, les producteurs marocains doivent anticiper ces périodes de tensions, récurrentes, avec les agriculteurs français et espagnols, concernant l’exportation de leur production.
Pour Rachid Benali, en effet, la solution est évidente: «on doit diversifier nos débouchés, et ne plus uniquement dépendre des marchés de l’UE. Les marchés vers lesquels le Maroc doit se tourner à l’avenir sont le Royaume-Uni, les pays du Golfe et les marchés d’Afrique».