L’Observatoire du travail gouvernemental (OTRAGO) a publié un rapport intitulé «Coupe du Monde 2030: grands gains de développement et défis pour atteindre la durabilité». Ce travail analyse les retombées socioéconomiques de l’organisation du Mondial 2030 par le Maroc avec l’Espagne et le Portugal.
Le rapport relève ainsi six gains principaux. Le premier concerne le tourisme. Sur la base des expériences précédentes, les auteurs du rapport estiment que le Maroc pourrait attirer plus d’1,5 million de visiteurs supplémentaires durant la compétition. Les recettes touristiques additionnelles pourraient varier entre 2 et 3 milliards de dollars pendant et après l’événement.
Cette estimation repose sur les dépenses moyennes prévues des touristes, estimées entre 1.000 et 2.000 dollars par visiteur, incluant l’hébergement, la restauration, les déplacements, le shopping et les loisirs, ont-ils expliqué.
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Ces revenus directs bénéficieront à plusieurs secteurs clés, selon le rapport, notamment celui de l’hôtellerie et de l’hébergement. Les hôtels pourraient enregistrer un taux d’occupationde 90 à 100% durant la compétition. Parallèllement, de nombreux établissements devront moderniser leurs infrastructures et améliorer leurs services, ce qui aura des retombées positives à long terme. Profiteront également de cet évènement sportif mondial les secteurs de la restauration et des cafés, ainsi que du transport et de la logistique.
La deuxième grande retombée de l’organisation du Mondial au Maroc, selon l’observatoire dirigé par l’économiste Mohammed Jadri, est l’augmentation des investissements dans les infrastructures.
Il s’agit en premier lieu de la construction ou de la modernisation de stades et d’infrastructures sportives, pour des investissements compris entre 3 et 5 milliards de dollars, estime le rapport. «Bien que coûteux, ces investissements peuvent être soutenus par des partenariats et des financements internationaux», signale-t-il.
TGV, réseaux routiers, hôpitaux, croissance économique
Ces investissements seront également destinés à l’extension du réseau de trains à grande vitesse (Al Boraq) entre Casablanca et Agadir, ajoute-t-il. Ce projet, dont le coût est estimé à 5 milliards de dollars, nécessitant des investissements du secteur privé et des soutiens internationaux, présente d’importants avantages économiques, indique le rapport.
Il boostera notamment le tourisme dans les régions concernées, générera d’importantes opportunités d’emploi durant la phase de construction et étendra l’activité des entreprises marocaines dans le secteur ferroviaire, note-t-il.
Idem pour l’infrastructure hospitalière. Le Maroc prévoit, en effet, de construire et d’équiper des hôpitaux modernes pour répondre aux besoins des visiteurs, tout en améliorant les services médicaux pour les résidents locaux, rappelle le rapport. Le coût de ces investissements dans le secteur de la santé est estimé à 2 milliards de dollars.
Le développement des réseaux routiers et des transports publics nécessitera un budget d’1,5 milliard de dollars. La dynamisation de l’économie locale n’est pas en reste. 50.000 à 80.000 nouveaux postes seront créés dans les domaines de la construction, du tourisme et des services, estime le rapport.
Il faudra aussi compter sur les revenus des droits de diffusion télévisée, qui peuvent dépasser 2 milliards de dollars et du parrainage et de la publicité qui pourraient se chiffrer environ à 1 milliard de dollars. C’est la troisième retombée pour le Maroc.
Le quatrième impact positif profitera à la croissance économique. Selon des études, accueillir des compétitions majeures contribue à augmenter le produit intérieur brut (PIB) de 0,5% à 1% par an pendant et après l’événement, soit une augmentation de 3 à 4 milliards de dollars pour l’économie marocaine, rapporte l’Observatoire du travail gouvernemental. Cet évènement devra également, ajoute-t-il, renforcer la position du Maroc comme destination d’investissement et touristique, ce qui favorisera une croissance économique durable à long terme.
Des défis à relever
En cinquième lieu, le rapport évoque des bénéfices durables pour les infrastructures. En fait, explique-t-il, le Maroc devra moderniser les aéroports, développer le réseau routier et étendre les transports publics, constituant un investissement à long terme pour améliorer la qualité de vie des citoyens. Le coût de ces améliorations est estimé à environ 2 milliards de dollars.
De même, poursuit-il, les stades et équipements sportifs construits pourront être réutilisés pour divers événements après la compétition, créant des opportunités d’accueil d’autres événements internationaux et assurant la durabilité des revenus, estimés à plus de 100 millions de dollars annuels après la Coupe du monde.
Enfin, le rapport souligne l’impact de cette compétition sportive internationale en termes de résultats sociaux et de promotion de la culture sportive. L’événement, affirme-t-il, offrira des opportunités de formation dans les domaines de l’organisation, de l’hospitalité et du marketing, permettant aux jeunes Marocains d’acquérir de nouvelles compétences et de renforcer leurs perspectives sur le marché du travail.
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En termes de culture sportive, notamment chez les jeunes générations, cette compétition contribuera à l’amélioration du niveau sportif au Maroc et au développement du football local.
Par ailleurs, souligne l’Observatoire, bien que l’organisation de la Coupe du monde représente une opportunité exceptionnelle pour le développement économique et social du Maroc, cet objectif s’accompagne de défis majeurs qui nécessitent des politiques efficaces afin d’assurer une rentabilité durable à long terme.
En effet, insiste-t-il, pour atteindre les résultats escomptés dans un contexte de concurrence mondiale, notamment avec des partenaires comme l’Espagne et le Portugal, le Maroc doit surmonter certains défis fondamentaux liés au modèle économique des stades et des infrastructures, à la gestion de la dette, à la modernisation des services et à la digitalisation.