Et si la relation économique entre le Maroc et les pays du Golfe ne se limitait pas seulement à une question de dons ? Le dernier sommet Maroc-CCG a en tout cas permis de mettre la lumière sur les nouvelles orientations de la coopération économique entre le royaume et les principaux pays du Golfe, au-delà de simples questions de sous.
Ces nouvelles orientations, elles s’imposent d’abord par le niveau de maturité qu’a atteint le royaume en matière de développement économique. Avec les centaines de milliards de DH investis durant la dernière décennie en matière d’infrastructures et de stratégies sectorielles, le Maroc a réussi la transformation de son modèle économique vers un nouveau basé à la fois sur l’investissement et l’ouverture sur les marchés mondiaux.
Accompagnement des projets de développement du MarocLa poursuite de la concrétisation de ce modèle nécessite, et ce n’est un secret pour personne, l’injection d’importants fonds pour financer les différents projets qui en découlent. Or, comme tout pays engagé dans un chantier pareil, ce n’est qu’en développant des partenariats diversifiés avec des investisseurs étrangers que le Maroc pourra atteindre ses objectifs.
C’est à ce niveau qu’intervient le partenariat stratégique avec les pays du CCG qui n’en fait pas de simples bailleurs de fonds pour le Maroc, mais des investisseurs participant aux chantiers stratégiques du pays et qui en tirent également profit. C’est pourquoi on parle aujourd’hui de partenariats Win-Win entre les deux parties.
En effet, depuis quelques années déjà, les pays du Golfe ne se concentrent plus sur leurs ressources naturelles pour se développer, mais ont compris qu’il leur était indispensable de trouver des relais de croissance dans des secteurs productifs à même de pérenniser la rentabilité pour eux.
Le Maroc, un relai de croissance...A ce niveau, le Maroc présente un double avantage. Le premier est qu’il offre des possibilités d’investissements au niveau local dans des secteurs pérennes et différents. Outre les hydrocarbures et les télécoms, le tourisme et l’immobilier attirent particulièrement les fonds des pays du Golfe, comme en témoignent les opérations déjà réalisées par les émiratis Al Qudra Holding, le qatari Diar Real Estate Investment Company, le fonds bahreïni Gulf Finance House (GFH) et le groupe koweïtien Aref Investment.
Les investissements directs moyen-orientaux ont touché récemment de nouveaux secteurs tels l’agriculture, le transport aérien ou encore la santé. Pour des experts, le Maroc gagnerait aujourd’hui à réorienter l’investissement des pays du CCG vers d’autres secteurs porteurs et à fort potentiel, tels que l’agroalimentaire, l’automobile ou encore les nouvelles technologies.
Et un hub vers d'autres marchés est néLe royaume offre, par ailleurs, la possibilité aux investisseurs du Golfe de développer des partenariats avancés pour cibler d’autres marchés à fort potentiel. L’orientation du royaume vers le développement de ses relations économiques avec les pays subsahariens en fait en effet un hub pour tout investisseur étranger souhaitant poser pied, pour la première fois, dans ces marchés.
Les dernières visites au royaume de délégations d’hommes d’affaires du Golfe ont d’ailleurs confirmé cette orientation. De plus, les partenariats développés avec d’autres marchés, notamment européens et américains, ouvrent la possibilité aux pays du Golfe d’y accéder dans des conditions plus compétitives à partir du Maroc.
Des échanges commerciaux en croissanceHormis les investissements, le renforcement de la collaboration entre les deux parties devrait également permettre un renforcement des échanges commerciaux des deux côtés. Actuellement, ceux-ci se chiffrent aux alentours des 30 milliards de DH. Ils sont sur une tendance haussière depuis plusieurs années, avec une croissance moyenne de l’ordre de 11% sur les dix dernières années. L'Arabie Saoudite est aujourd’hui le premier client du Maroc dans la région du Golfe, avec environ 920 MDH, soit 52,4% du total régional, suivie des Emirats Arabes Unis (EAU), avec 589 MDH et une part de 33,5%.
C’est dire que la nouvelle impulsion donnée au partenariat entre le Maroc et les pays du CCG devrait renforcer les opportunités d’affaires pour les opérateurs des deux côtés. De quoi consolider davantage les relations historiques entre les deux parties.