Avec la légalisation du cannabis à des fins thérapeutiques au Maroc, un nouveau secteur agro-industriel a vu le jour. Et derrière chaque produit fini se cache un processus complexe et strictement régulé, allant de l’importation des semences à la distribution des produits finis.
Tout commence par l’importation de semences, un prérequis essentiel pour démarrer la culture. Souvent importées de pays où la culture du cannabis à des fins médicales est déjà bien établie, elles doivent répondre à des critères stricts de pureté et de performance. Abderrazzak Mennioui, directeur général de SOMACAN, entreprise marocaine agricole spécialisée dans la culture légale du cannabis, note que cette société fondée en 2023 a importé quatre variétés de Suisse avec un taux de THC inférieur à 0,2%. Il s’agit du Fenomax, du Fenocheese, du Fenoswiss, et du Fenopure.
Jean-Michel Capdevielle, consultant pour CANAER, une autre entreprise du secteur, mentionne, pour sa part, que cette entité, bien que plus récente, étant donné qu’elle a été lancée il y a 3 mois, se prépare à démarrer ses activités: «Nous importons principalement nos semences des États-Unis et d’Europe. Ce sont des semences féminisées spécialement sélectionnées pour leur capacité à produire du CBD avec un taux de THC inférieur à 1%, voire même inférieur à 0,3%. Le choix du seuil dépendra du marché sur lequel nous souhaitons nous positionner.»
Les agriculteurs commencent par la germination des semences en pépinière, puis procèdent à la transplantation en champs. SOMACAN, tout comme CANAER, a choisi une approche biologique, évitant pesticides et produits chimiques pour une culture plus écologique.
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«Nous importons donc ces semences et les plantons, par la suite, sous serre, le temps que les petits pieds des plants sortent de terre. Celles-ci sont ensuite distribuées auprès des coopératives agricoles, qui les transplanteront en pleine terre. Nos équipes de techniciens agronomes assureront un suivi tout au long de la vie de ces plants, veillant à ce qu’ils se développent dans des conditions optimales. Cela inclut une irrigation adéquate et l’utilisation des produits nécessaires à leur croissance, tout en respectant les normes bio», signale Jean-Michel Capdevielle.
Le directeur général de SOMACAN ajoute: «Nous avons fourni aux agriculteurs les semences pour créer leurs pépinières et effectuer la germination, puis ils ont transplanté les plants suite à notre accompagnement de A à Z. Nous leur avons également fourni les intrants nécessaires, y compris les engrais. Une fois la production terminée, nous avons séché les plantes dans nos installations sous-abri, dans des conditions optimales, avant de procéder à l’extraction à l’aide de nos machines. Nous disposons déjà d’une usine à Sahel Boutahar Taounate où nous effectuons cette extraction pour obtenir des huiles de CBD.»
La transformation est l’étape où le cannabis est converti en divers produits: huiles, crèmes, comestibles, etc. Chaque produit est conçu pour répondre à des besoins spécifiques, que ce soit pour le soulagement de douleurs ou pour des applications récréatives légères, relèvent nos deux interlocuteurs. «Pour le prix des semences importées, il varie entre 2 et 8 dirhams l’unité», précise Jean-Michel Capdevielle, consultant pour CANAER.
La grande nouvelle pour SOMACAN est l’autorisation récente de commercialiser ses produits à base de cannabis au Maroc. Ses produits feront bientôt leur apparition sur le marché local dès le mois prochain, avec une présence dans les grandes surfaces et sur les réseaux sociaux. Il faut savoir que SOMACAN a déjà développé 33 produits, dont 22 compléments alimentaires et 11 produits cosmétiques, comme des shampoings et des huiles de massage.
Des produits à base de cannabis légal. (A.Gadrouz / Le360)
CANAER, quant à elle, envisage de se lancer dans l’extraction d’huiles de CBD et de développer parallèlement la fleur de CBD, un produit qui représente 20% du marché du CBD mais reste sous-développé. Pour les premières livraisons, elles devraient avoir lieu en fin d’année, après la récolte de septembre à octobre.