Les détails du rapport parlementaire sur la distribution et la commercialisation des produits agricoles

Les clients, semi-grossistes et détaillants se rendent au marché de gros de Casablanca pour s'approvisionner en fruits et légumes.

La mission exploratoire temporaire chargée de s’enquérir de la distribution et de la commercialisation des produits agricoles a rendu sa copie. Des remarques et moult recommandations ont été données par les parlementaires membres de cette mission afin d’améliorer les chaînes de production et de commercialisation des produits agricoles. Détails.

Le 07/04/2023 à 10h28

La mission exploratoire temporaire lancée par la Commission des secteurs productifs au sein de la Chambre des représentants vise à mettre en lumière les dysfonctionnements qui affectent les chaînes de distribution et de commercialisation des produits agricoles. Cette mission, présidée par Adil Dfouf, du Parti authenticité et modernité (PAM), a débuté ses travaux le 13 juin 2022 et a présenté son rapport le 4 avril 2023 en présence des ministres de l’Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, et de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohammed Sadiki.

Dans son rapport, la mission exploratoire a émis trois observations principales: le cadre juridique régissant le processus de commercialisation et de distribution des produits agricoles est «inapproprié», les structures de commercialisation et de distribution des produits agricoles sont «obsolètes», et les raisons de l’augmentation des prix des produits agricoles sont «diverses».

Réviser le cadre juridique

Après la présentation de leurs observations, les membres de la mission exploratoire ont livré leurs recommandations, notamment sur le cadre juridique régissant la chaîne de commercialisation et de distribution des produits agricoles. A cet égard, ils proposent l’adoption d’une nouvelle loi régissant les marchés de gros des fruits et légumes afin d’améliorer la qualité et la traçabilité des produits, lit-on dans le rapport de la mission, consulté par Le360.

Une autre recommandation des parlementaires concerne l’adoption d’une loi imposant le transit de tous les produits agricoles par les marchés de gros afin de réguler le contrôle de la commercialisation et de la distribution, d’éviter les pratiques abusives qui ont souvent cours dans ce secteur et de garantir un juste revenu aux producteurs.

Il est également recommandé la mise en place d’un cadre juridique spécifique pour les produits périssables dans le but de garantir la qualité des produits ainsi que la sécurité alimentaire des consommateurs, ainsi que de limiter les pertes des produits agricoles.

Améliorer les structures de commercialisation

Les membres de la mission exploratoire proposent plusieurs mesures pour améliorer la commercialisation des produits agricoles au Maroc. Ils suggèrent ainsi la création d’une bourse pour divers produits agricoles dans toutes les régions du pays, ainsi que la transformation des marchés de gros pour les fruits et légumes en marchés de proximité.

Ils appellent également à rénover les marchés de gros en les dotant de structures de stockage, de réfrigération, de lavage et d’emballage, ainsi qu’à moderniser la flotte de camions de transport pour réduire les pertes.

Les parlementaires insistent, dans la même ligne d’idées, sur l’importance de garantir des conditions sanitaires de sécurité dans les infrastructures de réfrigération dans les ports d’importation pour les produits agricoles importés. «La mise en place de ces mesures permettra d’optimiser la commercialisation des produits agricoles et d’encourager une concurrence saine et équitable entre les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement», explique le rapport.

Moderniser les chaînes de commercialisation

Les parlementaires proposent plusieurs mesures visant à moderniser les chaînes de commercialisation des produits agricoles. Parmi celles-ci, figurent l’interdiction de la vente en «échantillon» et en «vrac», la généralisation progressive de l’emballage pour tous les produits destinés aux marchés locaux, la taxation unique pour chaque produit agricole et le suivi de la commercialisation des produits en dehors des marchés de gros.

Il est aussi recommandé de revoir la taxe prélevée par les collectivités territoriales après l’entrée des produits agricoles sur les marchés de gros, fait savoir le rapport, soulignant que ces mesures visent à garantir une commercialisation équitable et transparente pour tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement et à renforcer la confiance des consommateurs dans les produits agricoles marocains.

Améliorer les chaînes de production

La mission exploratoire s’est aussi penchée sur les différentes chaînes de production. Pour le secteur des fruits et légumes, les membres de la mission recommandent de développer la transformation industrielle des produits agricoles et de créer une base de données spécifique pour surveiller et analyser les données liées aux marchés internes et externes.

Pour les produits de viande rouge, la mission juge important de limiter l’abattage clandestin et non réglementé, d’établir des programmes de réhabilitation des abattoirs ruraux et d’adopter des mesures incitatives pour la création d’abattoirs modernes privés.

En ce qui concerne les produits laitiers, il est recommandé de subventionner le transport des dérivés du lait au même titre que les autres secteurs du transport pour compte d’autrui, ainsi que de limiter la commercialisation du lait via des réseaux non réglementés.

S’agissant des produits de volaille, les membres de la mission jugent essentiel de développer les élevages de volailles, de surveiller les points de vente et de soutenir les professionnels du secteur dans l’acquisition de moyens de transport répondant aux normes de sécurité sanitaire.

Pour les produits céréaliers, la mission recommande d’investir dans des équipements de stockage, d’améliorer la compétitivité du secteur de la transformation industrielle et de renforcer l’organisation professionnelle des boulangers.

Enfin, pour ce qui est des produits d’olives, le rapport recommande d’améliorer la qualité des processus de production, de transport et de stockage, de moderniser les moulins traditionnels et de restructurer les canaux de distribution traditionnels.

Par Younes Saoury
Le 07/04/2023 à 10h28