Le Royaume-Uni envisage un «accord commercial et sécuritaire majeur» avec le Maroc, selon un média britannique

Représentation des drapeaux du Maroc et du Royaume-Uni.

Les drapeaux du Maroc et du Royaume-Uni.. Le360

Londres envisage de signer un accord commercial et sécuritaire majeur avec Rabat, selon le média britannique Daily Express, qui rapporte que le Maroc a établi des contacts avec le ministère britannique du Commerce international dans ce sens. Au-delà de la coopération bilatérale, le Royaume-Uni compte faire du Maroc une «porte d’entrée vers l’Afrique», afin de saisir les multiples opportunités offertes par le continent.

Le 28/12/2023 à 15h40

Le Royaume-Uni souhaite accélérer la cadence de sa coopération bilatérale avec le Maroc. Dans un article publié le 26 décembre, le média britannique Daily Express révèle que Londres envisage de signer prochainement un «accord commercial majeur» avec Rabat. Une initiative soutenue par l’ancien Premier ministre Boris Johnson, «qui aurait fait savoir à ses proches que le doublement des échanges commerciaux avec le Maroc depuis le Brexit, avant même la signature d’un accord commercial avancé, illustre les avantages de la sortie (de Londres) de l’Union européenne», selon la même source.

Au-delà de la coopération bilatérale, le Royaume-Uni compte faire du Maroc une «porte d’entrée vers l’Afrique», afin de saisir les multiples opportunités dans la région. Le Maroc est, rappelons-le, le deuxième investisseur africain sur le continent derrière l’Afrique du Sud, avec des investissements directs étrangers (IDE) estimés à plus de 800 millions de dollars en 2021.

Le Daily Express indique que le Royaume a d’ailleurs établi des contacts avec le ministère britannique du Commerce international dans ce sens. «Le Maroc se considère comme un partenaire commercial africain idéal pour le Royaume-Uni après le Brexit en raison de sa stabilité régionale et, en tant que monarchie sous le règne actuel du roi Mohammed VI, partage des similitudes avec le Royaume-Uni», souligne la publication.

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak avait déjà annoncé la couleur en nommant, le 13 décembre, Rob Butler au poste d’envoyé commercial du Royaume-Uni au Maroc. «Honoré et ravi d’avoir été nommé envoyé spécial commercial du Premier ministre au Maroc. Les relations entre nos deux pays sont déjà extrêmement fortes. J’ai hâte de jouer mon rôle dans la création de davantage d’opportunités commerciales qui créent des emplois et génèrent de la richesse pour le Royaume-Uni et le Maroc», s’était ce dernier dans un message posté sur son compte X.

L’agriculture, pierre angulaire de la relation bilatérale

L’agriculture constitue la pierre angulaire de la relation commerciale maroco-britannique. Pour renforcer cette coopération, les deux pays ont signé un mémorandum d’entente portant sur la recherche scientifique, la résilience au changement climatique ainsi que le renforcement des capacités et de l’innovation agricoles, le 2 mai dernier en marge de l’ouverture officielle de la 15ème édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM). Ces conventions ont été paraphées par le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, Mohammed Sadiki, et le ministre britannique de la Biosécurité et des Affaires maritimes et rurales, Lord Richard Benyon.

Rabat et Londres prévoient aussi de coopérer dans l’agriculture biologique, le machinisme agricole, l’élevage et la santé animale, la valorisation des produits agricoles, ainsi que l’amélioration de l’accès aux marchés des produits agro-alimentaires, notamment les produits locaux et produits de terroir.

Une délégation de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), conduite par son président Chakib Alj, a aussi effectué une visite de travail du 11 au 13 juillet dernier à Londres, pour renforcer les relations commerciales et d’investissement entre les deux pays. Le patronat marocain avait notamment rencontré le groupe d’amitié parlementaire All-Party Parliament Group on Morocco (APPG-Morocco), en présence du ministre britannique du Commerce international, Nigel Huddelton.

40 milliards de dirhams d’échanges commerciaux en 2023

Si l’accord majeur évoqué vient à se concrétiser, cela permettra au Royaume-Uni de renforcer sa collaboration avec un partenaire de choix, aussi bien sur le volet commercial que celui sécuritaire, un domaine dans lequel l’expertise marocaine n’est plus à démontrer. Ce sera surtout un jalon important, après l’Accord d’association entre les deux pays signé le 26 octobre 2019 après le Brexit. Entrée en vigueur le 1er janvier 2021, cette convention exonère des droits de douane et taxes les échanges de produits agricoles et industriels et reprend l’ensemble des avantages prévus par l’Accord de libre-échange Maroc-Union européenne.

Deux ans après son opérationnalisation, cet accord porte ses fruits. Les échanges commerciaux entre le Maroc et le Royaume-Uni ont augmenté de près de 50% entre 2019 et 2022, passant de 15,3 milliards de dirhams à 22,9 milliards de dirhams, avant de s’établir à 40 milliards de dirhams en 2023.

La valeur des exportations marocaines de produits agro-alimentaires a atteint 5,939 milliards de dirhams en 2022, soit une hausse de 57% par rapport à 2021, principalement grâce à une hausse considérable des expéditions de tomates marocaines au Royaume-Uni. Le Maroc, premier fournisseur de ces fruits rouges sur le marché européen en 2022, en avait expédié 141.000 tonnes sur le marché britannique, faisant de ce pays son deuxième client européen, derrière la France avec ses 375.000 tonnes achetées.

Le Daily Express révèle d’ailleurs que le Maroc fournit 45% des tomates consommées sur le marché britannique. «Ces tomates sont moins chères et plus durables, car elles n’utilisent pas de systèmes de chauffage artificiels comme celles produites aux Pays-Bas», précise le média.

Par Elimane Sembène
Le 28/12/2023 à 15h40