La saison marocaine de l’avocat avait démarré sous tension, avec des volumes modestes, des prix figés et des acheteurs européens déterminés à tirer les tarifs vers le bas. À cela s’est ajouté un afflux massif d’avocats latino-américains, surtout venus du Pérou, saturant le marché européen et accentuant la pression. Cité par le quotidien Les Inspirations Eco (édition du 12 décembre), Abdelkrim Allaoui, président de l’Association des producteurs de Gharb Avocado, explique que «les expéditions marocaines ont été freinées par cette concurrence et par un début de campagne perturbé par des conditions climatiques défavorables». Certains producteurs ont choisi de ralentir la récolte en attendant une amélioration, tandis que des rumeurs relayées par des intermédiaires tentaient de faire croire à une chute durable des prix. Allaoui dément toute perspective de crise profonde, soulignant que les fondamentaux du marché restent solides.
«Depuis deux semaines, les cours se redressent nettement», souligne Les Inspirations Eco. Le prix départ ferme a progressé de plus de 15% et les exploitants ont relancé la récolte. La demande locale contribue aussi à cette embellie : les commerçants commencent à constituer leurs stocks en prévision du ramadan, période qui coïncide avec le pic de récolte et soutient l’ensemble de la chaîne.
Malgré cette amélioration, la production nationale restera loin du niveau de la campagne précédente. Les estimations oscillent entre 60.000 et 80.000 tonnes, contre 110.000 l’an dernier. La baisse est imputable à la chaleur, au stress hydrique et à l’irrégularité des pluies, qui ont réduit la floraison et les rendements. Ce recul intervient dans un contexte déjà fragilisé par la concurrence péruvienne, qui a retardé les expéditions marocaines en début de campagne. Même si les prix remontent, les volumes manquants ne pourront pas être compensés. La filière devra donc faire avec une offre plus réduite, alors que 90% de la production est destinée à l’export.
«Au-delà de cette conjoncture, trois obstacles structurels freinent la compétitivité du secteur», note Les Inspirations Eco. Le premier est l’absence de laboratoires marocains reconnus à l’international pour les analyses phytosanitaires, obligeant les exportateurs à dépendre de centres européens, avec des délais qui compliquent la logistique. Le second concerne la faible diversité des produits phytosanitaires homologués pour l’avocat: seuls cinq sont autorisés, un nombre jugé insuffisant pour garantir une adaptation rapide aux normes des marchés importateurs. Le troisième obstacle est l’accès difficile à certains débouchés, notamment la Grande-Bretagne, où les procédures d’entrée nécessitent un accompagnement étatique jugé indispensable lors des premières expéditions.
Malgré ces limites, les perspectives immédiates restent encourageantes. Le prix de l’avocat sur pied, aujourd’hui autour de 21,50 à 22 DH/kg, pourrait atteindre 25 DH/kg en janvier. Les intermédiaires commencent déjà à acheter des récoltes en vue du ramadan. La qualité des fruits est jugée particulièrement bonne cette année, un atout pour la commercialisation. «Pour sécuriser la filière, il est indispensable d’agir sur la certification, l’homologation des intrants et l’appui institutionnel aux exportateurs, des leviers essentiels pour renforcer la place du Maroc sur un marché mondial toujours plus disputé», estime Allaoui.







