La note «BBB-» a été attribuée au Maroc en raison de sa stabilité macroéconomique, du niveau «confortable» de ses réserves en devises et de la part faible de la dette en devises dans le stock global de la dette publique, explique Fitch dans un communiqué diffusé jeudi 11 avril.
L’agence de notation ne manque pas de soulever la faiblesse des indicateurs de développement et de gouvernance, le niveau élevé de la dette publique , du déficit budgétaire et du compte courant qui dépasse largement celui observé dans d’autres économies comparables.
Fitch table sur un déficit budgétaire de l’ordre de 3,7% du PIB (hors privatisations) et de 3,5% en 2020.
À moyen terme, laisse constater Fitch, le gouvernement prévoit de réduire le déficit budgétaire en élargissant l'assiette fiscale, en limitant la masse salariale et en réalisant des gains d’efficacité sur les dépenses sociales grâce à un ciblage amélioré.
Le déficit budgétaire de 2018 a dépassé l'objectif initial de 3%, principalement en raison d'un dépassement des subventions pour le gaz butane (en lien avec la hausse des prix des hydrocarbures et un déficit du versement des subventions du Conseil de coopération du Golfe).
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Le déficit des administrations publiques, qui inclut également la sécurité sociale, les collectivités territoriales, est légèrement supérieur à celui des pairs. Selon le scénario de référence de Fitch, il devrait rester à 2,4% du PIB en 2019 et se réduire légèrement à 2,3% en 2020.
La dette publique, rassure l’agence de notation, est libellée en bonne partie en dirham et reste détenue par une base d'investisseurs nationaux captifs, tandis que la part externe (libellée en devises) est essentiellement due aux créanciers internationaux, ce qui entraîne des risques de refinancement relativement faibles, est-il précisé.
Le gouvernement prévoit d'atténuer les effets d'un ralentissement de l'ajustement budgétaire sur la trajectoire de la dette en reprenant les privatisations, avec lesquelles il vise une augmentation de 4% du PIB de ses revenus entre 2019 et 2024. Le gouvernement envisage d'exploiter les marchés internationaux en 2019 et 2020.
Selon Fitch, la dette des entreprises publiques est élevée et représente 25% du PIB à fin 2017. Le gouvernement a fourni des garanties explicites sur la dette des entreprises d'État, qui représentaient 14% du PIB à fin 2018, mais les résultats montrent qu'il est peu probable que ces passifs migrent vers le bilan de l'État, poursuit la même source.Les garanties de l'État devraient augmenter dans le cadre du plan du gouvernement visant à stimuler les dépenses d'investissement par le biais de partenariats public-privé.
Les autorités ont progressé dans l'élimination des crédits de TVA d'environ 40 milliards de dirhams (3,6% du PIB pour 2018). La plupart de ces crédits sont dus à des entreprises d'État et le gouvernement a pris des mesures pour empêcher toute nouvelle accumulation de tels soldes, rappelle Fitch.
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S’agissant de la réforme du régime de change, Fitch observe salue le fait que la volatilité des taux de change est restée modérée à la suite de l'élargissement des bandes de fluctuation du dirham et ce, malgré les interventions limitées de Bank al-Maghrib (BAM) sur les marchés.
Fitch s'attend à ce que les autorités suivent une approche prudente pour élargir davantage les bandes de fluctuation du dirham. Elle fait remarquer que les réserves de change ont diminué de 7% à 201,5 milliards de dollars américains en 2018, en partie en raison de la hausse des avoirs directs en liquidités en devises par les banques et de l'amortissement de la dette extérieure publique.
Fitch table sur un ratio de couverture des réserves confortable de cinq mois de paiements en compte courant en 2019-2020, en baisse par rapport à 5,9 mois en 2017. Les réserves extérieures sont renforcées par la ligne de précaution et de liquidité récemment renouvelée de 2,97 milliards de dollars avec le FMI.