Consciente de la pléthore d’informations disponibles sur le lait et les produits laitiers d’une part et du «gap» entre les perceptions des consommateurs et la réalité de la filière d’autre part, l’Interprofession laitière, regroupée au sein de la Fimalait, a décidé de se mobiliser et d’engager la discussion au sujet des idées reçues sur les produits laitiers.
Pour répondre aux interrogations du grand public, elle a organisé le 29 novembre dernier la première édition de "#LaNuitduLait", une soirée-débat à laquelle assistaient médias et influenceurs de la weboma.
Autour du hashtag #LaNuitduLait, experts, invités et professionnels ont échangé sur la place du lait au Maroc, sur la pertinence de sa consommation, ainsi que sur l’importance des activités agricoles et industrielles découlant de sa production et de sa consommation.
Modéré par Nabil Taoufik, fondateur du magazine ConsoNews et introduit par Didier Lamblin, président de l’Interprofession, le Tedx Fimalat a été animé par Nadia Lamhaidi, enseignante-chercheuse à l’ISIC à Rabat et scénariste, Anas Filali, médecin, geek et entrepreneur, et le professeur Jaafar Heikel, président du Collège national des médecins nutritionnistes.
La symbolique du lait chez les MarocainsAu Maroc, le lait joue un rôle socio-économique de premier plan. De l’amont agricole jusqu’au consommateur, le lait est porté par une chaîne économique dans laquelle interviennent plusieurs acteurs; il crée des milliers d’emplois tout en contribuant à maintenir le tissu social dans les régions rurales.
Sociologiquement, les Marocains entretiennent des rapports de grande proximité avec le lait.
Ce dernier intervient dans les rituels de fête, d’hospitalité et de célébrations religieuses.
«Au carrefour du profane et du sacré, le lait représente les valeurs de pureté, de santé et d’abondance», souligne Nadia Lamhaidi.
Les réseaux sociaux aujourd’huiLe secteur agroalimentaire marocain suscite beaucoup de suspicion sur les réseaux sociaux, alimenté par de nombreux «buzz». La catégorie des produits laitiers n’est pas épargnée et les idées reçues sont nombreuses. Au sujet du lait et des produits laitiers, les conversations sont passionnées, parfois clivantes et souvent à charge.
De la présentation d'Anas Filali, il ressort que les consommateurs doivent faire preuve de prudence et de bon sens en appliquant un fact-checking systématique des informations et des données qui circulent sur internet, dominé par la surinformation et la fake-news.
Dans son intervention, Pr. Jaafar Heikel rappelle que «le lait et les produits laitiers sont essentiels à une alimentation équilibrée du fait de leur richesse nutritionnelle». Ils sont connus pour leur apport en calcium, mais ils contiennent aussi une multitude d’autres micronutriments naturellement présents dans le lait qui interviennent dans de nombreuses fonctions vitales de l’organisme. Ils sont les premiers contributeurs en calcium, phosphore, potassium, iode, vitamine B2 et les seconds en vitamines B12, B5, D, A et zinc.
La filière laitière aujourd’hui: acquis et fragilitésLes professionnels veillent à maîtriser de manière rigoureuse la sécurité alimentaire, à chaque maillon de la chaîne, afin de mettre sur le marché des produits laitiers accessibles, sains et répondant aux meilleures normes de qualité.
Cette exigence de qualité commence dans les exploitations laitières où elle dépend étroitement des conditions d’élevage.
Depuis 2016, rappelle M. Didier Lamblin, l’Interprofession est signataire de la «Charte de la Qualité» avec les pouvoirs publics dont l’objectif est de mettre en place des standards rigoureux de qualité en généralisant les bonnes pratiques auprès des éleveurs.
Des analyses sont également effectuées sur le lait à l’arrivée à l’usine et sur les produits finis dans les unités de transformation.
Les conditions d’hygiène sont extrêmement réglementées en usine. Elles concernent le choix des matières premières, les conditions de fabrication, l’emballage des produits, les locaux, le matériel utilisé, l’entreposage des produits… Tout est pensé et régulé par les instances de contrôle -l’ONSSA notamment- pour assurer la qualité et la sécurité alimentaire des produits mis sur le marché.
De l’éleveur à l’usine, en passant par les centres de collecte, ce sont des millions d’analyses qui sont ainsi réalisées chaque année sur le lait produit par les éleveurs, afin de maîtriser la qualité du produit marocain, de l’étable à la table.
Depuis plus de 20 ans, la filière laitière marocaine s’est considérablement développée avec des unités modernes en ligne avec les meilleures normes internationales, faisant du lait «made in Morocco» un produit de consommation courante accessible, sain et sûr.
La défense de la filière passe par la défense de l’image du lait, la lutte contre le lait de colportage et une meilleure communication avec les consommateurs.