La Banque africaine de développement (BAD), la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ont réalisé ensemble cette étude diagnostique sur le Maroc.
Ce rapport conjoint intitulé «Développement du secteur privé au Maroc: défis et opportunités en temps de pandémie de Covid-19» balise la réflexion quant au rôle du secteur privé marocain dans la dynamique de croissance, de résilience et donc de relance économique. Dans le cadre de cette collaboration, la BAD, la BEI et la BERD se sont appuyées sur le groupe de travail chargé des études diagnostiques par pays.
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Il en ressort qu’à l’instar de nombreux pays d’Afrique et du reste du monde, le Maroc a subi une récession en 2020 en raison de la pandémie. Cependant, en 2021, on s’attend à ce que les effets négatifs de la pandémie sur le commerce, l’activité économique et les marchés financiers s’atténuent.
Les projections tablent ainsi sur une croissance économique positive, soutenue par la reprise des exportations vers l’Union européenne, une bonne saison agricole, le retour partiel des touristes et la résilience des envois de fonds des migrants.
Selon la même étude, la poursuite du développement du secteur privé pourrait favoriser l’inclusion et une hausse de l’emploi. Il est donc primordial que le pays renforce la dynamique du secteur privé en optant pour une plus grande diversification économique et une participation accrue aux chaînes de valeur mondiales.
S’agissant du climat d’investissement, les chercheurs de la BAD, la BEI et la BERD ont souligné qu’au cours des vingt dernières années, l’économie marocaine a bénéficié d’un environnement politique et macroéconomique relativement stable. Et c'est cette stabilité-là qui a permis au pays d’offrir l’un des climats d’investissement les plus propices d’Afrique. A présent, le Maroc compare et évalue ses performances et ses objectifs à ceux d’économies plus avancées d’Europe centrale et orientale.
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De nombreux obstacles entravent toutefois une croissance plus inclusive et plus durable au Maroc étant donné que la production économique reste très instable et tributaire des précipitations et que la pauvreté et les disparités régionales touchent une grande partie de la population. La stimulation des investissements privés rencontre également diverses difficultés, indique le rapport.
A ce titre, le même rapport rappelle que les PME peinent toujours à investir, à accroître la valeur ajoutée, à se développer et à embaucher. Et ce, malgré les nombreuses réformes mises en œuvre par les autorités au cours des deux dernières décennies.
Il est donc essentiel d’accélérer la mise en œuvre de la stratégie nationale d'inclusion financière en renforçant, notamment, le rôle clé des établissements financiers non bancaires comme les institutions de microfinance et les sociétés de crédit-bail. L’objectif est d’enrichir l’offre d’instruments financiers pour permettre aux entreprises de petite taille de financer leur projet d’investissement, est-il précisé.
Il est aussi nécessaire d’améliorer l’intégration économique et l’ouverture commerciale des zones rurales, avec un effort particulier à entreprendre sur l’inclusion des femmes, des jeunes et des personnes peu qualifiées. Cela doit se réaliser parallèlement au développement des chaînes de valeur locales et au soutien renouvelé dont devrait bénéficier le secteur privé en milieu rural.
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Enfin, l’analyse indique qu’il est tout aussi capital que l’économie marocaine diversifie ses produits pour approvisionner de nouveaux marchés à l’export. Les entreprises contributrices aux chaînes de valeur bénéficieraient ainsi de meilleurs débouchés à l’international et d'un plus large accès à de nouvelles technologies étrangères et aux meilleures pratiques de gestion. Facilitée par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), une intégration commerciale plus approfondie en Afrique subsaharienne devrait également bénéficier aux investissements privés au Maroc.
La présentation du rapport a été suivie d’une discussion de haut niveau entre des personnalités du secteur privé, autour des représentants des trois banques multilatérales de développement et de la Commission européenne. Les échanges ont notamment porté sur les recommandations visant à protéger le secteur privé et à libérer son potentiel. Cela dans la perspective de soutenir une croissance forte, résiliente et inclusive au Maroc.