Discrètement mais sûrement, l’ère des coffres-forts semble refaire surface. Et pour cause, indique le magazine Challenge, le volume d’argent liquide en circulation a connu une envolée spectaculaire au Maroc. «En mai dernier, la circulation fiduciaire a atteint 371,8 milliards de dirhams, en progression annuelle de 12,2%, selon les dernières statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib», lit-on.
Une courbe ascendante qui n’a pas manqué d’interpeller le wali de la banque centrale, qui a, à maintes reprises, tiré la sonnette d’alarme.
À ce jour, près de 400 milliards de dirhams circulent en dehors du circuit bancaire. La prédominance du secteur informel dans l’économie, la multiplication des crises et des aléas de la conjoncture poussent à stocker. S’y ajoute, selon l’hebdomadaire, la crise de confiance envers les banques.
La tendance du moment, c’est le coffre-fort. C’est en 2008 que les ventes de ce dispositif de protection ont connu un pic dans le monde, et même au Maroc. Selon les derniers chiffres de l’Office des Changes, ce sont 13,3 millions de coffres-forts et armoires fortes en tôle qui ont été importés au Maroc en 2020, une année Covid-19 où la peur s’est emparée des ménages quant à l’avenir. Depuis, la tendance ne faiblit pas.
Il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Au marché Derb Omar à Casablanca, le prix des coffres-forts, en fonction de la taille, de la robustesse et de la technologie intégrée, va de 1.500 à 45.000 dirhams.
Cité par Challenge, l’économiste Mehdi El Fakkir avance un phénomène d’abord culturel. Il confirme que, depuis quelques années, les ménages optent de plus en plus pour ce modèle d’épargne traditionnel. Au point que même des établissements bancaires s’y mettent.
Certains coffres-forts sont en effet mis à disposition par les banques pour leur clientèle. «Le locataire signe un contrat avec sa banque, qui s’engage à mettre à sa disposition un coffre pour une période déterminée. La plupart des dépôts concernent l’argent, les documents et les bijoux», lit-on. La location d’un compartiment de coffre est annuelle. Et les tarifs, selon la même source, vont de 250 à 2.000 dirhams, en fonction de la dimension du coffre. Mais, pour les mêmes raisons liées aux craintes quant à une conjoncture incertaine et au poids de l’informel, il n’est pas sûr que l’on s’y précipite.