Gaz butane: après la suppression partielle de la subvention, les boulangers n’excluent pas une hausse du prix du pain

Les boulangers déplorent l’absence de concertation du gouvernement avant l’entrée en vigueur de la levée partielle de la subvention du gaz butane.

Inquiets face à la hausse du prix du gaz butane, suite à la levée partielle des subventions sur les bonbonnes de 3 kg et 12 kg, les professionnels du pain n’excluent pas d’augmenter à leur tour le tarif de la baguette «de base», fixé actuellement à 1,20 dirham.

Le 20/05/2024 à 14h30

Après plusieurs semaines d’atermoiement, le gouvernement Akhannouch a enfin acté la première phase de la levée des subventions sur le gaz butane, synonyme d’augmentation des prix à la vente. À partir de ce lundi 20 mai, le prix de la bouteille de 3 kilogrammes (kg) va connaître une hausse de 2,5 dirhams, passant de 10 à 12,5 dirhams, alors que la bonbonne de 12 kg verra le sien évoluer de 40 à 50 dirhams, soit une inflation de 10 dirhams.

«Nous avons été surpris d’apprendre la hausse des prix du gaz butane. Les réunions se multiplient actuellement, que ce soit au niveau local ou régional, pour évaluer la situation. Le Conseil national va se réunir dans les deux à trois jours qui viennent pour prendre les décisions qui s’imposent», nous confie une source à la Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie.

Une chose est néanmoins sûre. La hausse du prix de la bonbonne de 12 kg aura pour impact direct un renchérissement du coût de production des produits de boulangerie, en particulier le pain dit «de base» ou la baguette, dont le prix, réglementé, et fixé à 1,20 dirhams, grâce à la subvention étatique accordée au blé tendre. Pour une boulangerie qui consommerait 5 bonbonnes par jour, l’augmentation des tarifs du gaz butane équivaudrait à un surcoût quotidien de 50 dirhams, et mensuel de 1.500 dirhams.

Pour autant, ce surcoût sera ressenti différemment par les boulangeries, selon leur taille et leur localisation géographique. «Chaque région a ses propres spécificités. Le coût de production n’est pas le même entre Casablanca et Zagora par exemple. Et parfois, les disparités existent au sein de la même ville», explique la même source.

En dehors du blé tendre subventionné, les prix des autres composantes rentrant dans le coût de production (main-d’œuvre, sucre, sel, etc.) sont libéralisés, tient à préciser notre interlocuteur, ajoutant que les membres de la fédération s’attellent actuellement à évaluer l’impact réel de la hausse du gaz butane, en tenant compte des spécificités géographiques.

Les boulangers pourraient-ils sauter le pas et augmenter le prix de la baguette fixé par les autorités? Un responsable de la Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie du Maroc n’exclut pas cette éventualité, arguant qu’une telle démarche serait légitime, puisque l’État ne subventionne pas les autres facteurs composant le coût de production. «C’est tout à fait logique. Si l’entente sur les prix est bannie, on ne peut pas demander aux boulangers de supporter la totalité du surcoût du gaz butane», insiste-t-il.

Au sein de l’association professionnelle, on déplore surtout l’absence de concertation du gouvernement avant l’entrée en vigueur de la levée partielle de la subvention du gaz butane, d’autant plus que le contrat-programme promis au secteur tarde toujours à voir le jour. «Le premier contrat-programme 2011-2015 est arrivé à échéance. De nouvelles études ont été menées par le gouvernement en 2018, couvrant 480 boulangeries, pour aboutir à des recommandations et à un nouveau contrat-programme pour un secteur qui emploie plus de 300.000 personnes», souligne la même source, en appelant le gouvernement à activer ce dossier.

En plus des boulangers, le gouvernement est censé également se prononcer sur le sort des petits agriculteurs qui utilisent le gaz butane comme source d’énergie pour leur matériel d’irrigation. On se rappelle que, pour atténuer l’impact de la suppression des subventions, le gouvernement s’était engagé à les aider à remplacer les pompes fonctionnant au gaz butane par de nouvelles usant d’énergie solaire. Là non plus, les mesures d’accompagnement promises tardent à se concrétiser. Visiblement, en milieu rural comme en milieu urbain, aux yeux du gouvernement, la stabilité budgétaire semble primer sur l’efficacité énergétique.

Par Wadie El Mouden
Le 20/05/2024 à 14h30