L'intégration des enjeux climatiques et technologiques dans les cursus universitaire et les offres de formation agricole représentent un véritable enjeu pour l'Afrique et l'Europe. Comment ont évolué les modèles et vers quel type de formation agricole s'achemine-t-on? Pour répondre à ces questions, le groupe OCP a organisé, ce mardi 27 septembre 2022, un webinaire intitulé «La formation agricole: quel modèle face aux enjeux climatiques et alimentaires?».
Nadia Lamlili, chargée de mission auprès de l’OCP, a relevé qu’en Afrique, alors même que l'agriculture contribue à 32% du Produit Intérieur Brut et emploie plus de la moitié de la population active, seulement 2% des étudiants du continent se spécialisent dans la filière agricole.
Elle a aussi signalé qu’en Europe, en moyenne, seuls 65% des agriculteurs européens ont reçu une formation agricole complète et 70% d'entre eux n'ont qu'une expérience pratique individuelle.
Le nombre d'étudiants dans les filières agricoles augmente, notamment en France. Près de 230.000 font leur rentrée cette année entre lycées agricoles, centres de formation et établissements supérieurs, a-t-elle indiqué.
Jean-Marie Seronie, consultant agroéconomiste et membre de l’Académie d’agriculture de France depuis 2017, a souligné que le métier d’agriculteur est en train de changer, tout en précisant qu’en Europe, on est passé d’un secteur protégé à un secteur ouvert.
Cet ingénieur agronome de formation, ayant publié des ouvrages sur l’avenir de l’agriculture et les transformations qui bouleversent le secteur, a également pointé du doigt l’impact des changements climatiques sur les variations de rendement et l’impératif d’avoir des agriculteurs aux compétences agronomiques et technologiques plus avancées pour faire face à ces défis.
Anastasia Boucheron, directrice des affaires sociales de l’Association nationale des industries agroalimentaires (ANIA), a expliqué que pour répondre aux nouveaux besoins du secteur, il est essentiel de diversifier les métiers et de faire aussi évoluer les salariés.
Elle a, par ailleurs, donné un aperçu en chiffres sur le secteur. C’est ainsi qu’on apprend que 70% de la production agricole française est transformée par l'industrie alimentaire.
L’agroalimentaire constitue ainsi le premier secteur industriel français aussi bien en termes de chiffre d’affaires que d’emplois. En 2020, les 15.479 entreprises du secteur ont réalisé un chiffre d’affaires de 198 milliards d’euros et employaient 436.547 personnes réparties sur tout le territoire national, a-t-elle fait savoir.
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De son côté, Bruno Gerard, Professor and Agrobioscience lead à l’Université Mohammed VI Polytechnique, a relevé que les besoins de formation en agronomie ont changé, faisant savoir que les défis de l'agriculture en Afrique sont multiformes.
Il a ainsi évoqué les changements climatiques et la croissance démographique, tout en pointant du doigt les chaînes de valeurs embryonnaires, d’où la difficile transition d’une agriculture de subsistance vers un modèle économique plus performant en Afrique.
Pierre Blaise, président du Réseau international de formation agricole et rural (FAR), a mis en avant l’importance de la formation agricole, notamment en ce contexte d’urbanisation galopante, tout en plaidant pour la mobilisation d’une expertise adaptée pour la rénovation des dispositifs de formation agricole et rurale et le renforcement des capacités des agriculteurs.
Il convient de souligner que ce webinaire «La formation agricole: quel modèle face aux enjeux climatiques et alimentaires?» s’inscrit dans le cadre de l’initiative «Trait d'union» lancée par le groupe OCP, leader mondial dans la production et l'exportation des phosphates.
Les webinaires «Trait d'union» cherchent à contribuer aux réflexions sur les synergies et le partenariat entre l'Europe et l'Afrique.