Flotte marchande battant pavillon marocain: faut-il compter toujours sur le soutien de l’État?

Un bateau de marine marchande du géant Maersk Mc-Kinney Moller dans le port de Tanger Med. Brahim Taougar - Le360

De l’avis des professionnels du transport interrogés par Le360, la mise en place d’une flotte nationale de marine marchande requiert une vision globale impliquant à la fois le privé et le public, et dans laquelle les banques sont appelées à jouer un rôle majeur.

Le 21/11/2023 à 13h00

Lors de son discours à l’occasion du 48ème anniversaire de la Marche verte, le Roi a appelé à réfléchir à l’idée de développer une flotte nationale de marine marchande, forte et compétitive. L’initiative royale a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par les acteurs de l’écosystème du commerce extérieur qui y voient aussi une manière de mettre fin au monopole des compagnies étrangères.

«Si on veut lancer une liaison entre Casablanca et Dakar, on doit s’assurer de la continuité des flux commerciaux entre les deux pays, de sorte à pouvoir remplir et rentabiliser le navire dans les deux sens (aller/retour)», explique cet investisseur pour qui le soutien de l’État est indispensable pour accompagner les opérateurs qui investissent dans de nouvelles dessertes maritimes.

«Nous avons longtemps sollicité presque tous les ministres qui se sont succédé à la tête du ministère des Transports. L’idée d’une flotte battant pavillon marocain ne les préoccupe guère», a-t-il ajouté.

Notre interlocuteur déplore le «désintérêt» des responsables marocains qui, selon lui, ont malheureusement échoué jusque-là à traiter de manière appropriée ce dossier. Résultat: depuis la disparition des fleurons du transport maritime national (Comarit, Comanav et IMTC), accentuée par la libéralisation du secteur en 2007, le Maroc ne dispose plus de flotte maritime marchande, mis à part quelques navires assurant le transport de camions entre le Maroc et le Détroit de Gibraltar, appartenant aux compagnies AML et Intershipping. Le marché marocain du transport maritime de marchandises (conteneurs) reste dominé par les mastodontes Maersk, MSC et CMA-CGM. On relève également une dégradation notable de l’offre disponible, car les compagnies étrangères opérant au Maroc fonctionnent avec de vieux navires déjà amortis sous d’autres cieux, poursuit la même source.

Lors de son récent passage devant le Parlement, le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a fait savoir qu’en réponse à la demande du Souverain formulée lors de la célébration de la Marche verte, son département s’apprête à lancer une étude stratégique. Le ministre a précisé que cette étude va permettre d’établir un diagnostic du secteur en vue de se conformer aux meilleures pratiques au niveau international. «En termes d’offre, on part de zéro. C’est un secteur fortement capitalistique. Il s’agit de réunir toutes les conditions susceptibles d’encourager l’investissement dans ce domaine», soutient ce membre de la Fédération du transport et de la logistique (FTL). Les banques sont également appelées à jouer un rôle essentiel, a-t-il ajouté, n’excluant pas l’idée de créer une entreprise publique dédiée, bénéficiant du soutien de l’État, à l’instar de l’exemple du transport aérien et du cas spécifique de Royal Air Maroc.

Par Wadie El Mouden
Le 21/11/2023 à 13h00