Le dirham s'est déprécié de 1% par an, en moyenne, entre 2000 et 2014, par rapport aux devises des principaux pays partenaires et concurrents. Cette baisse est surtout imputable à un différentiel d'inflation en faveur du Maroc. Plusieurs pays ayant connu un décollage économique se sont servis du taux de change pour améliorer la compétitivité de leurs entreprises. Jusque-là, le Maroc s'y était refusé, du moins officiellement, sauf au plus fort de la grave crise qui avait touché les exportations de textile à la fin de l'Accord multifibre sur le marché européen.
Le tournant que le pays s'apprête à prendre marque donc une transition importante, souligne l'Economiste dans son édition du 23 janvier. Les discussions se poursuivent sur les modalités techniques de ce changement. Parmi les benchmarks, l'expérience polonaise semble la plus aboutie avec une transition vers une flexibilité totale qui aura duré 9 ans, de 1991 à 2000.
Quels que soient les choix adoptés, les autorités monétaires veulent s'assurer que le changement ne perturbe ni ne brusque les opérateurs. Les principales banques de la place tiennent, depuis bientôt un an, des réunions régulières sur le sujet avec Bank Al-Maghrib dont l'approche est ouverte, avec une réelle volonté de tenir compte des remarques et retours de l'ensemble des participants afin que cette migration se fasse en douceur.
La mise en œuvre du passage au système flottant a été décalée au deuxième semestre. Le schéma qui sera adopté visera d'abord à protéger la PME. Toute la première moitié de l'année servira à sensibiliser l'ensemble des opérateurs économiques. Les banques se réunissent aussi entre elles pour se coordonner et assurer une transition efficace. Techniquement, les premiers changements seront introduits en gardant le panier actuel du dirham, à savoir 60% euro et 40% dollar.
Pour les entreprises, les interrogations sont encore nombreuses. Toutefois, ce n'est pas encore le rush vers les banques pour souscrire à des couvertures.
Les établissements publics sont parmi les plus exposés au risque de change. Ils détiennent au bilan une dette en devises qui culminait, fin 2015, à 160 milliards de dirhams, soit 16% du PIB. Ceci dit, près du tiers de cette dette a été émis par l'OCP.