L’innovation est devenue un vecteur de création d’emplois et un moteur pour l’entrepreneuriat des jeunes. C’est ainsi qu’on assiste, ces dernières années, à une véritable émulation autour de l’innovation, avec le foisonnement d’initiatives et l’éclosion d’entreprises prometteuses. Au Maroc en particulier, des mesures concrètes ont été mises en place pour accompagner ce développement, notamment à travers les actions menées par des institutions financières et appuyées par des initiatives étatiques ou émanant d’autres acteurs économiques.
Mais il reste encore des efforts à déployer pour permettre à l’écosystème national de l’innovation de décoller et de s’internationaliser davantage. La question du financement reste particulièrement une préoccupation majeure. La table ronde «Eco Décodages», organisée par Horizon Press Group, s’est penchée cette question mardi 21 mars 2023.
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Les débats, animés par Hicham Zanati Serghini, directeur général de Tamwilcom, Youssef El Alaoui, membre du conseil d’administration du Réseau Entreprendre Maroc, Ghita Hannane, responsable Maroc de la Société financière internationale, Dounia Boumehdi, présidente de la Commission amorçage de l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), et Ali Sami, dirigeant de la startup Blink Pharma, ont porté sur le thème «Quelles perspectives pour le financement de l’innovation au Maroc?».
450 startups financées pour un chiffre d’affaires de 300 millions de dirhams
Plantant le décor, Hicham Zanati Serghini, a mis en évidence l’écosystème des startups au Maroc. Selon lui, plus de 450 d’entre elles ont été financées, générant environ 300 millions de dirhams de chiffre d’affaires. En outre, le capital-investissement représente environ 60% des deals conclus, avec des investisseurs nationaux et étrangers associés aux différents fonds.
Le directeur général de Tamwilcom n’a cependant pas manqué de souligner certaines fragilités décelées dans l’écosystème des startups, notamment en ce qui concerne les acteurs impliqués dans leur accompagnement. «Il existe des structures publiques qui n’ont pas de problème de ressources et des associations qui arrivent à avoir des sponsors, mais il y a aussi des structures privées faisant face à une prestation qui a un coût. Le soutien de l’État à ces structures est crucial pour leur permettre de fonctionner et de soutenir efficacement les startups», a-t-il noté.
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Le manque de convergence entre les composantes de cet écosystème a été également pointé du doigt. «Il y a un problème de collaboration entre les différents acteurs de l’écosystème des startups au Maroc. Chacun travaille dans son coin, sans dynamique globale. En conséquence, il est important de mettre en place une cohésion collective pour renforcer cet écosystème», a exhorté Hicham Zanati Serghini.
Une forte dynamique
Pour Dounia Boumehdi, «l’écosystème entrepreneurial au Maroc a connu une forte dynamique au cours des dix dernières années. L’arrivée du programme Innov Invest, en 2017, a été une bouffée d’oxygène pour l’écosystème, car l’amorçage risque est traditionnellement le maillon faible de la chaîne de financement du private equity». Le programme a sélectionné trois nouveaux fonds d’investissement pour opérer sur ce segment et a structuré 16 structures d’accompagnement, incluant des incubateurs et des accélérateurs.
De l’argent frais a été injecté, permettant de nombreuses réalisations alors que de nouvelles entreprises et startups ont été accompagnées. Et bien que des revendications restent à finare, l’écosystème dispose désormais de toutes les briques nécessaires pour atteindre sa vitesse de croisière, a fait observer la présidente de la commission Amorçage de l’AMIC, soulignant que les prochaines étapes consisteront à fonctionner en système circulaire et à travailler de manière «plus intelligente» pour permettre à toutes les briques de l’écosystème de «composer ensemble de manière optimale».
2.000 startups actives et 70 structures d’accompagnement
A son tour, Ghita Hannane a également présenté sa lecture de l’écosystème de l’innovation au Maroc. Elle s’est notamment réjouie de l’émergence de l’écosystème des startups dans le pays, mettant en exergue le rôle de Innov Invest, qui a permis le lancement de nombreuses startups, avec plus de 2.000 qui sont actives et 70 structures d’accompagnement.
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Cette croissance que connaît le secteur de l’innovation a aussi été accélérée par la pandémie de Covid-19, selon la responsable Maroc de la Société financière internationale. Elle a ainsi cité l’exemple du commerce électronique, pour lequel la crise pandémique a été un véritable coup de boost. «Cela a été bénéfique pour les startups marocaines.»
Ghita Hannane a également relevé l’intérêt croissant pour les incubateurs opérant au Maroc et dans le reste de l’Afrique. Selon elle, les défis auxquels les startups sont confrontées ont évolué au fil du temps, passant des problématiques d’accès au marché et de financement à celles d’exit. En résumé, le dynamisme de l’écosystème des startups au Maroc est visible et prometteur pour l’avenir de l’économie marocaine.