C’est la ruée vers le Maroc, qui a lancé un appel d’offres pour 168 nouveaux trains et développer une industrie ferroviaire locale. A l’intérêt confirmé de l’entreprise de construction espagnole Talgo s’est ajouté Alstom, qui a déjà fourni les douze premiers trains rapides qui circulent aujourd’hui sur les voies du service Al Boraq, indique le média espagnol El Economista dans sa version numérique.
La maison mère française a laissé pour l’occasion la négociation du contrat à sa filiale espagnole. En vue, 150 trains pour les navettes métropolitaines, les services interurbains et les trains rapides, ainsi que 16 autres trains à grande vitesse, «tous disponibles dans le portefeuille du groupe industriel français, un avantage qu’il entend utiliser face à ses concurrents», lit-on. La filiale espagnole avait déjà soumis une offre préliminaire dans le cadre de l’appel d’offres lancé par l’ONCF en septembre 2022, qui a attiré 10 constructeurs du monde entier.
«Derrière la démarche se cache la nécessité de contourner les relations diplomatiques complexes entre le Maroc et la France», selon le média, l’Espagne étant devenue un partenaire privilégié du Maroc. En cas de succès, le gouvernement de Pedro Sánchez maquerait un bon point. L’usine Alstom de Barcelone bénéficierait d’une charge de travail importante, ce qui permettrait aux socialistes d’en faire une carte gagnante lors des élections catalanes. Ceci, dans un contexte de normalisation des relations entre l’État et la Generalitat. C’est la filiale espagnole d’Alstom qui a d’ailleurs livré 190 tramways Citadis pour les systèmes de transport de Rabat et de Casablanca.
Le média espagnol rappelle par ailleurs que l’ancienne directrice du Conseil économique Maroc-Espagne, Houda Benghazi, l’avait déjà suggéré. «Je pense que la prochaine chaîne de valeur que nous aurons sera celle des trains. L’Espagne et le Maroc construiront les trains que nous utiliserons pour la Coupe du monde», avait-elle assuré.
Le méga-contrat pour les trains, qui sera décidé par une procédure de dialogue compétitif en plusieurs étapes, prévoit la livraison des trains entre 2027 et 2030, l’installation d’un atelier sur le sol marocain pour assurer la maintenance des nouvelles unités, ainsi que la mise en œuvre d’un pôle de développement industriel qui comprend la construction d’une nouvelle usine et le développement d’un écosystème de fournisseurs et d’entrepreneurs ferroviaires.