En marge du panel consacré à «l’excellence financière comme levier de stabilité», Gilles Abensour, directeur général de Saint-Gobain Maroc, a rappelé que le Royaume «réalise désormais près de 15 milliards d’euros d’exportations automobiles». Une performance qui hisse l’automobile au rang de premier secteur exportateur du pays, reléguant loin derrière les phosphates, longtemps colonne vertébrale des recettes extérieures.
La repositionnement s’est amorcé il y a une décennie, avec l’installation de Renault à Tanger et l’arrivée progressive des équipementiers dans ce qui deviendra l’Atlantic Free Zone. À l’époque, aucune certitude n’existait quant à la capacité du Maroc à devenir une plateforme automobile. La stratégie industrielle, les zones d’accélération, la stabilité monétaire et une orientation affirmée par la vision royale ont progressivement donné de la cohérence et de la visibilité à l’ensemble.
La reconfiguration des chaînes de valeur mondiales et la montée en puissance de la politique industrielle ont amplifié ce mouvement. Aujourd’hui, le Royaume produit près de 4 millions de pare-brise, pour un marché intérieur de 500.000 à 600.000 véhicules, ce qui illustre la forte orientation exportatrice du secteur.
Pour Gilles Abensour, «dire aujourd’hui qu’un secteur créé il y a seulement dix ans exporte davantage que les phosphates montre à quel point le Maroc a réussi à bâtir une filière nouvelle et dynamique». Cette montée en gamme a été soutenue par une capacité d’adaptation rapide, renforcée par des politiques publiques ciblées et une intégration croissante aux chaînes de valeur européennes.
L’avantage énergétique joue également un rôle déterminant. Si le pays ne produit pas encore le verre primaire — très consommateur de gaz —, la transformation locale bénéficie de la stratégie nationale de transition énergétique. Grâce au cadre de la loi 13-09, les industriels accèdent largement aux énergies renouvelables. «Plus de 80 % de notre énergie est éolienne et 5 à 10 % photovoltaïque», a-t-il précisé, permettant d’alimenter des lignes de production décarbonées répondant aux normes européennes.
Cet ensemble de facteurs nourrit la dynamique de «colocalisation» que plusieurs experts associent aujourd’hui au modèle industriel national par une production intégrée, compétitive, et tournée vers les chaînes régionales, avec le Maroc comme base stratégique.








