Le renouvellement du contrat d’exploitation de la station d’épuration (STEP) de Fès, estimé à 47,4 millions de dirhams par an, s’annonce comme l’une des compétitions les plus sélectives du secteur de l’eau au Maroc. Derrière ce marché, d’une valeur potentielle de plus de 142 millions de dirhams sur trois ans, se joue bien plus qu’un simple appel d’offres: c’est un test de puissance, de maîtrise technologique et de solidité financière, écrit le quotidien Les Inspirations Éco. Piloté par la Société régionale multiservices (SRM) Fès-Meknès, ce nouveau contrat doit départager les acteurs capables de conjuguer expertise, innovation et engagement à long terme.
La course à la gestion de la STEP de Fès réunit plusieurs profils distincts, chacun misant sur ses atouts pour séduire la SRM. L’opérateur belge Waterleau, déjà en charge du site via un groupement avec WTL Group Maroc, part naturellement en position de favori. Fort de sa connaissance approfondie des installations et de son expérience historique, il dispose d’un avantage technique indéniable. Mais cette position dominante le place aussi sous pression, car la SRM impose désormais des standards de performance plus élevés et une capacité d’innovation renforcée. Pour conserver le contrat, Waterleau devra prouver qu’il peut dépasser la simple continuité de service et s’adapter à un niveau d’exigence inédit, indique Les Inspirations Éco.
Face à lui, plusieurs challengers marocains se préparent à entrer dans la course. Des entreprises comme SOTRADEMA ou ATNER (Atlas Énergie) entendent faire valoir leur ancrage local, leur connaissance du terrain et leur réactivité. Déjà présentes sur des projets d’envergure, notamment la STEP de Salé, ces sociétés peuvent s’appuyer sur leurs partenariats institutionnels et leur capacité à constituer des consortiums mixtes alliant expertise locale et technologie internationale. Leur principal atout réside dans leur flexibilité et leur capacité à s’inscrire dans une logique de proximité et de service durable.
D’autres groupes internationaux pourraient également tenter leur chance, à l’image de l’espagnol Lantania, déjà actif au Maroc, souligne Les Inspirations Éco. Ces acteurs disposent d’une puissance financière considérable et d’un accès à des technologies de pointe. Leur portefeuille de références mondiales constitue un argument fort pour convaincre la SRM de leur confier la gestion de cette infrastructure stratégique. Dans un contexte de forte exigence technique, ces opérateurs étrangers pourraient former des alliances locales pour renforcer leur compétitivité.
Le cahier des charges établi par la SRM Fès-Meknès agit comme un filtre naturel. Trois critères principaux en font un défi de taille. Le premier est le modèle de rémunération: près de 70% des revenus sont conditionnés à la performance. Sur les 47,4 millions de dirhams annuels, plus de 33 millions ne seront versés que si les objectifs sont atteints, notamment en matière de volumes traités, de taux d’épuration, de siccité des boues ou de production de biogaz. Le risque financier est donc particulièrement élevé et une contre-performance, même mineure, peut avoir des conséquences lourdes. Le deuxième critère est l’obligation d’investissement: le futur exploitant devra injecter un minimum de 5 millions de dirhams par an, soit 15 millions sur trois ans, pour le renouvellement des équipements. Cette exigence, représentant plus de 10% du chiffre d’affaires annuel, suppose une capacité financière solide et une vision à long terme. Enfin, la complexité technique de la STEP de Fès constitue une épreuve supplémentaire. Dimensionnée pour 1,2 million d’équivalents-habitants et intégrant des procédés tels que le séchage solaire des boues et la cogénération de biogaz, elle exige un savoir-faire que peu d’entreprises maîtrisent à cette échelle.
Ce nouvel appel d’offres intervient après un précédent infructueux, lit-on dans Les Inspirations Éco. En 2024, l’ancien maître d’ouvrage, la RADEEF, avait déjà tenté de renouveler le contrat à travers un appel d’offres (n°126/2024). Deux candidats s’étaient alors manifestés: le groupement Waterleau & WTL Group Maroc et la société A. International Services des Eaux Inc. Tous deux furent écartés après l’examen des dossiers techniques, entraînant la déclaration d’infructuosité de la procédure. Cet épisode a révélé l’ampleur des exigences et le haut niveau de compétence requis. Pour la SRM Fès-Meknès, un second échec serait inacceptable, d’où une vigilance accrue sur la sélection du futur opérateur.







