Emploi: le moteur de la croissance en panne sèche

Après une période de trois trimestres caractérisée par une forte progression des créations d’emplois, le marché du travail marocain marque un ralentissement brutal.. DR

Revue de presseAprès trois trimestres marqués par une forte dynamique de créations d’emplois, le marché du travail marocain connaît un net coup d’arrêt. Avec seulement 5 000 postes non agricoles créés entre mars et juin 2025, la consommation intérieure, principal moteur de la croissance, se retrouve fragilisée. Cet article est une revue de presse tirée de Finances News.

Le 30/09/2025 à 19h00

Le marché de l’emploi marocain vient d’envoyer un signal préoccupant. Après trois trimestres soutenus en matière de créations d’emplois non agricoles, la période allant de mars à juin 2025 a connu un brusque ralentissement, avec seulement 5 000 postes nets créés. «Un contraste saisissant quand on sait que le premier trimestre en avait généré 282 000, et le précédent 257 000», indique le magazine Finances News Hebdo.

Les chiffres du Haut-Commissariat au Plan, rappelés par le wali de Bank Al-Maghrib, montrent que le ralentissement ne s’explique pas uniquement par la contribution négative de l’agriculture, déjà structurelle. La véritable inflexion concerne les services et surtout le BTP, moteurs traditionnels de l’emploi urbain. Le secteur de la construction, qui avait alimenté la reprise, n’a créé que 74 000 postes au deuxième trimestre, tandis que les services plafonnent à 35 000. L’industrie, censée jouer un rôle d’entraînement dans la transformation économique, reste quasi-stagnante avec seulement 2 000 emplois supplémentaires.

Les conséquences de cet essoufflement ne sont pas anodines. «L’emploi est le principal soutien à la consommation des ménages, elle-même pilier de la croissance nationale», souligne Finances News. En 2024, la demande intérieure avait progressé de 5,8%, atteignant un niveau record, et encore de 8% au premier trimestre 2025. Mais la faiblesse de la dynamique de l’emploi menace ce ressort. Or, sans consommation, la trajectoire de croissance supérieure à 4% voulue par les autorités pourrait se révéler difficile à maintenir.

Un marché de l’emploi qui cale signifie une pression accrue sur les ménages déjà confrontés à la cherté de la vie et à la précarité. À une année des élections, le signal est d’autant plus sensible. Un chômage persistant, particulièrement chez les jeunes et les diplômés, peut nourrir frustrations et contestations sociales, dans un contexte où la question de l’emploi figure parmi les principales revendications de la population.

Face à ce ralentissement, les décideurs pourraient être tentés d’actionner le levier de la commande publique pour relancer les créations d’emplois, notamment dans les secteurs intensifs en main-d’œuvre comme le BTP et certains services. L’État dispose encore de marges de manœuvre, via l’accélération des grands chantiers d’infrastructure, la stimulation de l’investissement public et des politiques ciblées en faveur des PME et TPE.

Pour l’heure, Bank Al-Maghrib maintient ses projections : une croissance de 4,6% en 2025 et 4,4% en 2026, tirée par les exportations (phosphates, automobile), le tourisme et l’investissement. Mais la Banque centrale reconnaît que la consommation intérieure reste une variable clé. Si le ralentissement de l’emploi se confirme, il pourrait peser lourdement sur la trajectoire macroéconomique et sur la stabilité sociale.

Par La Rédaction
Le 30/09/2025 à 19h00