Bank Al-Maghrib a fini par lâcher du lest concernant le taux directeur, ou... presque. Le pays se retrouve, en effet, dans une situation inédite avec pratiquement deux taux directeurs appliqués par les autorités monétaires, rapporte Aujourd’hui le Maroc dans son édition du 30 janvier.
En plus du taux directeur officiel de 2,25%, resté inchangé depuis le dernier conseil d’administration fin 2019, un autre taux préférentiel d’à peine 1,25% sera appliqué sur les crédits d’investissement pour les banques qui devront, à leur tour, accorder des crédits aux investisseurs. La décision a été révélée à l’occasion de la présentation du «Programme intégré d’appui et de financement des entreprises» (DAAM).
Concrètement, l’Etat va mettre en place un mécanisme de refinancement illimité par Bank Al-Maghrib de tous les crédits bancaires, qu’il s’agisse de crédits d’exploitation ou d’investissement. Plus concrètement encore, l’Etat va appliquer un taux d’intérêt préférentiel de 1,25% dans le cadre du mécanisme de refinancement des banques des catégories cibles. C’est carrément moins 100 points en comparaison avec le taux directeur officiel. Ce qui fait dire aux responsables qu’il s’agit du taux d’intérêt le plus bas jamais atteint par la banque centrale. Si les négociations ayant accompagné l’élaboration du dispositif de financement restent secrètes pour le moment (l’Etat va intervenir dans un second niveau via la Caisse centrale de garantie (CCG) pour la garantie des prêts octroyés), la décision d’accorder un taux préférentiel pour la location d’argent n’est pas fortuite et reste dans la même lignée des schémas retenus jusqu’ici par les autorités monétaires du pays.
Autrement, le fait de retenir un scénario avec deux taux va permettre de mieux canaliser l’effort public sur le plan financier vers les principales cibles, à savoir les investisseurs, notamment les PME et les jeunes entrepreneurs. Les responsables verrouillent ainsi la baisse du taux de location de l’argent pour ne pas voir les efforts consentis aller plus vers les crédits à la consommation ou les crédits particuliers d’une manière générale. Il existe, par ailleurs, une autre raison ayant conduit à appliquer un taux préférentiel pour l’investissement, à côté du taux directeur officiel. Là également, les autorités financières restent fidèles à elles-mêmes en préférant garder la main sur le choix des dossiers d’investissement retenus. Le but est surtout de protéger les catégories d’épargnants.