Pour contenir la propagation du Covid-19 et en atténuer les conséquences économiques et sociales, le Maroc a explosé les compteurs de sa dette extérieure, libellée en devises.
Dès le 8 mai 2020, Mohamed Benchaaboun, ministre de l’Economie et des Finances, s’est donné les moyens de recourir à davantage de financements en devises, en faisant adopter par le Parlement le projet de loi 26.20 portant approbation du décret-loi relatif au dépassement du plafond des emprunts extérieurs.
Ce décret-loi crucial a permis au gouvernement de dépasser le plafond des financements extérieurs de 31 milliards de dirhams par rapport à ce qui était fixé dans la loi de Finances pour l’année budgétaire 2020.
Résultat des courses: au cours de l’année écoulée, les montants bruts de dettes, levées par le Trésor en 2020, culminent à 62,6 milliards de dirhams pour la dette extérieure. Un niveau jamais atteint auparavant. Notons que si l’on prend en compte les remboursements du principal de la dette extérieure pour un montant de 20,1 milliards de dirhams, le flux net des financements extérieurs du Maroc s’établit à 42,5 milliards de dirhams en 2020.
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Le dernier bulletin de statistiques des finances publiques à fin décembre 2020, publié par la Trésorerie générale du royaume, apporte des précisions sur les principales sources de financements extérieurs du Maroc en 2020.
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Ainsi, sur les 62,6 milliards de dirhams de financements extérieurs, 37,5 milliards de dirhams proviennent du marché financier international, à travers deux sorties du Trésor, une en septembre et une autre en décembre 2020.
La deuxième source de financement extérieur du royaume est la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD). Cette institution membre du groupe de la Banque mondiale, a octroyé au Maroc 10,7 milliards de dirhams de prêts en 2020.
Par ailleurs, 3,9 milliards de dirhams en devises ont été octroyés par le Fonds monétaire arabe, et 3,6 milliards de dirhams par la Banque africaine de développement.
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Cette intensification du recours à la dette extérieure en 2020 s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’arbitrage du Trésor, a expliqué l’argentier du royaume, Mohamed Benchaaboun, lors de son passage à l'émission Grand Format-Le360. Une stratégie qui vise à éviter le fameux effet d’éviction.
«Comme les besoins du pays ont augmenté, si on devait aller uniquement vers la dette intérieure, cela veut dire que le Trésor va ponctionner les liquidités du marché en dirhams au détriment de l’économie marocaine», a souligné à ce propos le ministre.
Notons que le coût de la dette marocaine, toutes maturités confondues (de 5 à 30 ans), se situe autour d’une moyenne de 2,3%. Par conséquent, le service de la dette en 2021 sera inférieur à celui de 2020. «Même si l’endettement a augmenté, le coût ne pèse pas lourd sur le budget de l’Etat», a rassuré le ministre des Finances.