La production marocaine de dattes continuera de faire preuve de résilience face à la succession des années de sécheresse que connait le Maroc et qui frappe de plein fouet les zones oasiennes. Ceci, grâce à l’entrée en production de nouvelles fermes modernes, notamment dans la région de l’Oriental. C’est ce qu’affirme l’expert agronome marocain Abdelouahab Zaid, secrétaire général du Prix international Khalifa du palmier-dattier et de l’innovation agricole, interrogé par Le360.
Cette nouvelle donne favorisera notamment l’amélioration de la productivité des palmiers-dattiers qui augmenterait de 5% au cours de la saison prochaine, grâce au recours de ces nouvelles fermes aux variétés à forte valeur ajoutée, dont notamment le Mejhoul, poursuit l’expert qui est également conseiller au ministère des Affaires de la présidence de l’État des Émirats arabes unis.
Le Maroc compte actuellement entre 900.000 et 1.200.000 palmiers-dattiers de variété Mejhoul qui produisent entre 6.000 et 8.000 tonnes par an, fait savoir Abdelouahab Zaid, auteur de «Le Mejhoul, perle des dattes». Disponible en arabe, en anglais, en espagnol et prochainement en français, ce livre publié en 2022 contient notamment une réfutation scientifique des rumeurs qui ont circulé sur l’origine de ces dattes emblématiques de la région de Draâ-Tafilalet, rétablissant la vérité sur cette variété purement marocaine.
Environ 3.500 tonnes de Mejhoul exportées par an
Environ 3.500 tonnes de la production marocaine de dattes Mejhoul sont exportées annuellement. Le rendement de cette variété dans les fermes modernes varie de 50 à 70 kg par arbre par an, soit un niveau supérieur à celui réalisé par les autres variétés (30 à 40 kg), note notre interlocuteur.
Globalement, la production marocaine de dattes au cours de la saison 2023-2024 a atteint environ 115.000 tonnes, soit une augmentation de 6,5% par rapport à l’année précédente (108.000 tonnes). Cette production provient d’une superficie de 50.900 hectares et est assurée en grande partie par Draâ-Tafilalet, qui a produit un volume de 91.000 tonnes, soit une part de 79%. Le reste (24.000 tonnes, soit 21%) est partagé entre les régions de Souss-Massa, l’Oriental et Guelmim-Oued Noun.
Une nouvelle dynamique
Cette performance «confirme l’inscription de la filière du palmier-dattier dans une nouvelle dynamique sous l’effet de la signature d’un nouveau contrat-programme visant à renforcer sa position au sein du secteur agricole, notamment dans les zones oasiennes où elle représente la principale activité agricole», poursuit Abdelouahab Zaid.
En effet, rappelle-t-il, le Maroc ambitionne de doubler sa production de dattes à 300.000 tonnes d’ici 2030. Selon le contrat-programme signé entre le gouvernement et la Fédération nationale interprofessionnelle de la filière, 5 millions de palmiers seront plantés, dont 3 millions dans les régions des oasis traditionnelles, et les zones en dehors des oasis seront élargies de 14.000 hectares à 21.000 hectares. Ce contrat-programme vise aussi à améliorer le taux de transformation pour atteindre 10%, contre 0,3% actuellement, et d’exporter 70.000 tonnes contre 3.600 tonnes en 2020.
Des défis à relever
La culture de la variété Mejhoul fait, toutefois, face à une multitude d’obstacles, qui diffèrent d’une région à l’autre, relève l’expert. Il s’agit notamment de la sécheresse et de la rareté de l’eau, des effets du changement climatique, ainsi que des risques que présentent les ravageurs et les maladies, tels que le bayoud et le charançon rouge des palmiers, en plus de la rareté des études sur les techniques post-récolte des dattes dans le contexte marocain.
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Pour remédier aux problèmes que rencontre la filière du palmier-dattier dans sa globalité, Abdelouahab Zaid, qui a œuvré durant des décennies pour développer ce secteur au Maroc et dans d’autres pays (Namibie, Émirats, Soudan, Jordanie, Mauritanie, Mexique, Pakistan et Égypte), a émis un certain nombre de recommandations. Il préconise notamment de développer des techniques d’irrigation plus efficaces, des projets de recherche pour mieux comprendre les effets et des mesures d’atténuation du changement climatique dans les oasis.
D’autres recommandations concernent l’élaboration d’un programme de prévention contre le charançon rouge des palmiers (méthodes de détection précoce et de contrôle telles que le traitement interne) et la coopération avec d’autres pays producteurs de dattes pour bénéficier de leur expérience, notamment dans le domaine de la lutte contre le charançon rouge des palmiers, et en matière de techniques post-récolte des dattes. L’expert appelle également à mettre en place une coalition internationale pour reconnaître, préserver et développer durablement les oasis, dans le cadre de l’Initiative oasis durables présentée par le Maroc à la COP22.