Quel a été l’impact des 30 milliards de dirhams de crédit TVA versés aux entreprises et de l’amélioration des délais de paiement de certains grands donneurs d’ordre dans le secteur public? Dans son édition du jour, L’Economiste, qui a interrogé des opérateurs économiques, affirme que les effets ne se sont pas encore faits ressentir.
Citant un opérateur, le journal rapporte que les investisseurs sont échaudés en raison de la pression fiscale. Sans parler des problèmes des CRI dont la réforme n’est pas encore effective et des guichets électroniques qui ne sont toujours pas fonctionnels. A cela s’ajoute la question des dettes qui, malgré l’injection de milliards dans l’économie, n’ont pas baissé.
En réalité, le quotidien affirme que les grandes entreprises ont été les principales bénéficiaires du remboursement de TVA, «sauf qu’au lieu de régler leurs fournisseurs, elles ont préféré garder l’argent, bien qu’elles n’aient pas de problème de trésorerie». D’autres, comme l’écrit le journal, «gardent les fonds soit pour se constituer un stock de foncier à des fins spéculatives, soit pour financer de nouveaux projets mais, pour eux, le remboursement des dettes n’est pas une priorité».
Dans ces conditions, les délais de paiement ne s’améliorent pas et les impayés se répercutent sur tout l’écosystème. Pour L’Economiste, «le paiement des dettes est fonction de la nature du produit ou du service et des rapports de force entre les parties prenantes. Dans certaines cas, les approvisionnements sont suspendus en cas de non-paiement. Dans d’autres, les opérateurs préfèrent courir le risque d’impayé plutôt que de ne pas vendre, d’autant que la demande solvable est rare».
Le journal fait savoir que la situation est normale pour le gouvernement qui «affirme qu’il faut attendre quelque temps encore avant de ressentir l’impact du remboursement de TVA». Entre-temps, les PME doivent faire face à leurs dépenses régulières, ce qui implique le recours aux banques pour leur accorder des rallonges. Des rallonges qui sont coûteuses. Le dépassement de la facilité de caisse implique l’application d’un taux bonifié correspondant à une majoration de 2% du taux négocié.
L’Economiste estime qu’il fallait «intégrer dans la loi de Finances 2019 une disposition pour obliger les entreprises à payer leurs fournisseurs via une pénalité de 15% du montant de la facture au-delà d’un délai de 90 jours. Et en parallèle, un abattement fiscal en faveur des créanciers ayant un compte client dépassant 90 jours pour leur permettre de récupérer une partie de leurs frais financiers». Cela implique que la mesure sera appliquée par l’administration fiscale et non par l’entreprise.