Aussitôt élu à la tête de la CGEM, Mezouar s’est totalement investi dans sa nouvelle mission. «Il vient tous les jours au bureau», nous confie ce cadre de la confédération patronale. La passation de consignes avec la présidente sortante, Miriem Bensaleh, le mercredi 23 mai, a duré plus de trois heures. Le lendemain, Mezouar a reçu le personnel de la structure permanente de la CGEM, celle-ci compte plus de 80 collaborateurs mobilisant chaque année une masse salariale d’environ 28 millions de dirhams (le président, les membres du bureau et les présidents des commissions se mobilisent, quant à eux, à titre bénévole).
Mezouar, témoigne un participant, s’est montré, comme d'habitude, bienveillant, respectueux et laudateur quant au travail accompli durant les six années des deux mandats de Bensaleh. Rappelant les grandes lignes de son projet, il a invité ses troupes à s’imprégner de l’esprit du programme électoral sur lequel il s’est engagé en binôme avec Fayçal Mekouar, et grâce auquel il a pu gagner la confiance d’une majorité écrasante de patrons électeurs lors du scrutin du 22 mai (le tandem Mezouar-Mekouar a remporté 5.173 voix contre seulement 1.432 voix en faveur du duo Marrakchi-Benhida).
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Des journées bien chargées attendent Mezouar pour le reste du mois de ramadan. Une rencontre avec le chef de gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, est prévue en début de semaine. Ses proches collaborateurs nous confient qu’il prévoit également d’organiser des réunions de prise de contact avec certains ministres, les secrétaires généraux des syndicats les plus représentatifs, les chefs de partis politiques et les présidents des deux chambres du Parlement.
PLF 2019: le "Big Boss" aborde son premier testMezouar, qui a tenu sa promesse en fermant la parenthèse de son appartenance politique (il a formellement déposé sa démission des rangs du parti de la Colombe), sait qu’il sera attendu au tournant. Chacun de ses gestes sera scruté et décortiqué. Les patrons attendent de lui un signal fort qui marque sa rupture définitive avec l’étiquette RNI. «Nous avons fait de l’indépendance de la CGEM une ligne de conduite durant ces deux mandatures ». Les propos de Miriem Bensaleh dans son dernier discours lors de l’AGO du 22 mai résonnent comme une piqûre de rappel aux oreilles du nouveau président.
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Le projet de Loi de finances 2019 (PLF) sera le premier test-clé du mandat de Mezouar à la tête de la CGEM. Dans son plan d’action «Elan pour tous» couvrant la période 2018-2021, décliné en six axes, 26 chantiers et 90 mesures, le duo Mezouar-Mekouar a promis de provoquer un «choc de compétitivité» dès la Loi de finances 2019. Parmi les actions identifiées dans leur arsenal «quick win», au moins trois devraient attirer l’attention des observateurs de la vie patronale: la création d’un Fonds de garantie pour financer les besoins en fonds de roulement des entreprises; l’exonération de la TVA sur les biens d’équipement; la lutte contre les importations sauvages. Saura-t-il convaincre le gouvernement de l’opportunité de mobiliser à la fois une dépense budgétaire additionnelle (fonds de garantie) et une nouvelle dépense fiscale (manque à gagner en lien avec l’exonération de la TVA)? Peut-on compter sur les capacités de négociation de l’ancien ministre des Finances face à un gouvernement qui vit sous la pression du déficit des finances publiques?
Les femmes et les hommes du président…Avant d’en arriver à cette phase de négociation autour du PLF 2019, Mezouar doit d’abord renouveler les instances de gouvernance de la confédération, notamment le Conseil d’administration. L’enjeu sera de dégager au sein de cet organe suprême une majorité qui apporte son soutien au programme 2018-2021. En plus de 33 présidents des fédérations sectorielles et de 13 présidents élus des CGEM-Régions (ces derniers seront renouvelés avant la fin de l’année), le Conseil d’administration devra désigner et accueillir, au titre de membres de droit, les nouveaux présidents des commissions thématiques (celles-ci étaient au nombre de 24 lors du deuxième mandat de Bensaleh), deux femmes et deux jeunes chefs d’entreprises. Mezouar est appelé également à désigner quatre à sept vice-présidents, des représentants des élus de la CGEM au Parlement et des personnes en situation de handicap, etc.
Mais de toutes ces nouvelles nominations attendues dans les jours qui viennent, il y en a une qui s’impose en ces temps de préparation de la Loi de finances, celle du prochain président de la commission fiscale. En coulisses, un nom revient avec insistance, celui de Mohamed Hdid, l’ancien président de l’ordre des experts-comptables. Le président sortant, Abdelkader Boukhriss, a quant à lui déjà bouclé deux mandats consécutifs, soit le maximum autorisé par les statuts de la centrale patronale.