Contre toute attente, la guerre qui sévit à Gaza depuis le 7 octobre dernier n’a pas déclenché une flambée des cours de pétrole, hormis quelques brefs épisodes fiévreux, rapidement corrigés. Mieux, le mercredi 8 novembre, les cours sont même passés sous les 80 dollars, soit leur niveau le plus bas depuis le mois de juillet. Ainsi, le baril de Brent de la mer du Nord, coté à Londres, s’est échangé à 79,94 dollars, alors que son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), a vu son cours plonger à 75,61 dollars.
Cette dynamique, en apparence paradoxale, est principalement alimentée par des perspectives économiques peu encourageantes en Chine et en Europe, suscitant des inquiétudes quant à l’évolution de la demande mondiale. Les marchés financiers écartent également, pour le moment du moins, le risque d’un élargissement du conflit dans la région.
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«En ce moment, la demande internationale est morose. La Chine, deuxième plus grand importateur mondial de pétrole brut, éprouve des difficultés à retrouver ses niveaux de croissance. Même chose pour l’Allemagne, poumon industriel de l’Europe, dont la production industrielle a reculé en glissement annuel de 3,7% en septembre, principalement à cause du recul du secteur automobile», explique Mostafa Labrak, directeur général d’Energysium Consulting, interrogé par Le360.
Pour cet expert en énergie et carburants, le recul des cours de pétrole s’explique également par une baisse générale de la demande durant la saison hivernale, une période qui connaît un important recul des déplacements et des activités industrielles. Cependant, une escalade ou un élargissement du conflit pourrait, selon lui, entraîner une augmentation significative des prix du pétrole durant les prochains mois ou semaines, malgré le recul de la demande, le Moyen-Orient étant l’une des principales régions productrices au monde.
Les trois scénarios de la Banque mondiale
Selon un récent rapport de la Banque mondiale, qui dresse une première évaluation des potentielles conséquences à court terme de la guerre à Gaza sur les marchés des produits de base, les effets devraient être «limités si le conflit ne s’étend pas».
Selon le premier scénario de «perturbation limitée» de la Banque mondiale, l’offre internationale de pétrole serait réduite de 500.000 à 2 millions de barils par jour, ce qui équivaut à peu près à la diminution observée lors de la guerre civile libyenne en 2011. Dans ce cas, le prix du pétrole augmenterait dans un premier temps de 3 à 13% par rapport à la moyenne de référence pour le trimestre actuel, soit un prix du baril compris entre 93 et 102 dollars.
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Selon un scénario de «perturbation moyenne», correspondant globalement à la guerre en Iraq de 2003, l’offre mondiale de pétrole diminuerait de 3 à 5 millions de barils par jour. La hausse initiale du prix du pétrole se situerait alors entre 21 et 35 %, portant le baril à une fourchette comprise entre 109 et 121 dollars.
En revanche, selon un scénario de «perturbation majeure», comparable à l’embargo arabe sur le pétrole en 1973, l’offre mondiale de pétrole se réduirait de 6 à 8 millions de barils par jour, provoquant une hausse des prix de 56 à 75% dans un premier temps, soit un prix compris entre 140 et 157 dollars le baril.
Pour rappel, au Maroc, les prix des carburants à la pompe sont restés inchangés depuis le début du mois d’octobre. Le litre de gazole est affiché actuellement, à Casablanca, un cran au-dessus de 14 dirhams, alors que celui de l’essence est à environ 15,50 dirhams. À cause du coût du transport, le prix des carburants dans les stations-service des autres villes du Royaume est plus élevé, avec des écarts variables selon la distance.