Bruxelles relance les négociations avec Rabat pour un nouvel accord de pêche et d’agriculture

Le commissaire européen à la Pêche, Costas Kadis.. AFP or licensors

Revue de presseLa Commission européenne prépare un nouveau mandat de négociation. Soutenue par un contexte diplomatique favorable et le renforcement du partenariat euro-marocain, cette reprise de dialogue marque une étape clé dans la redéfinition des relations entre les deux rives de la Méditerranée. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 12/11/2025 à 19h34

L’Union européenne s’apprête à rouvrir un dossier sensible et stratégique, celui de ses accords de pêche et agricoles avec le Maroc. L’annonce, d’abord publiée sur le site du ministère espagnol de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation, a rapidement été reprise par la presse ibérique. «Elle marque une nouvelle étape dans le rapprochement entre Rabat et Bruxelles, un an après l’annulation par la Cour de justice de l’UE des accords commerciaux et de pêche conclus avec le Royaume», indique le quotidien L’Economiste dans son édition du jeudi 13 novembre.

Lors d’une visite officielle en Espagne, le commissaire européen chargé de la Pêche et des Océans, Costas Kadis, a informé son homologue espagnol, Luis Planas, qu’un nouveau mandat de négociation venait d’être validé par la Commission européenne. Ce mandat permettra de relancer les discussions avec Rabat, un signal fort que Bruxelles entend envoyer à ses partenaires du sud de la Méditerranée. Kadis a précisé devant la Commission mixte du Congrès et du Sénat espagnols que ce dossier figurerait à l’ordre du jour du Conseil «Agriculture et pêche» du 17 novembre 2025, où les ministres européens doivent également aborder la politique agricole commune après 2027, la sécurité alimentaire et les relations commerciales avec l’Ukraine.

Pour le commissaire européen, cette relance constitue «une avancée majeure dans les relations avec le Maroc», rapporte L’Economiste. Elle intervient dans un contexte géopolitique marqué par un tournant diplomatique: la résolution 2797 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée le 31 octobre 2025, qui réaffirme l’autonomie sous souveraineté marocaine comme la solution la plus réaliste au différend du Sahara. Quelques semaines auparavant, Rabat et Bruxelles avaient signé un amendement à leur accord agricole, étendant aux provinces du Sud les avantages préférentiels d’accès au marché européen.

Ces signaux politiques confirment la volonté commune de rétablir un partenariat stratégique. En septembre 2025, Dubravka Šuica, commissaire européenne chargée de la Méditerranée, s’était déjà rendue au Maroc pour renforcer le Pacte pour la Méditerranée. À cette occasion, elle avait insisté sur la nécessité d’une coopération renforcée dans un contexte international instable. «L’Union européenne reste un partenaire fiable pour le Maroc; ils sont unis par un destin commun dans notre région euro-méditerranéenne», avait-elle déclaré, saluant le rôle moteur du Royaume dans la stabilité régionale.

«Le rétablissement de l’accord de pêche, considéré comme l’un des protocoles diplomatiques les plus importants entre Rabat et Bruxelles, est attendu avec attention, notamment en Espagne», souligne L’Economiste. Les navires de Galice, d’Andalousie et des îles Canaries étaient historiquement autorisés à pêcher dans les eaux marocaines en vertu de ce protocole, dont la dernière version a expiré en juillet 2023. Celle-ci permettait à 138 navires de l’Union, dont 92 espagnols, d’obtenir des licences, bien que seuls une vingtaine de permis aient été effectivement utilisés durant la dernière période, en raison notamment de la pandémie de Covid-19.

Cette relance des discussions intervient alors que le Maroc s’apprête à examiner, lors du Conseil de gouvernement du 13 novembre, le protocole modifiant l’Accord de Marrakech instituant l’Organisation mondiale du commerce. L’un des points centraux sera l’Accord sur les subventions à la pêche, adopté à Genève en 2022. Il s’agit du premier accord multilatéral de l’OMC consacré à la durabilité des océans et du deuxième texte de cette ampleur conclu depuis la création de l’organisation. Entré en vigueur en septembre 2025, il marque une étape majeure dans la gouvernance mondiale des ressources halieutiques.

«Ainsi, à la veille du Conseil européen du 17 novembre, la perspective d’un nouvel accord de pêche entre l’UE et le Maroc apparaît comme un signal fort de rapprochement», conclut L’Economiste. Au-delà de l’enjeu économique, il s’agit d’un test politique pour Bruxelles, qui cherche à consolider ses liens avec un partenaire clé du sud de la Méditerranée, au moment où la géopolitique mondiale impose de redéfinir les équilibres et les alliances dans le domaine stratégique des ressources marines.

Par La Rédaction
Le 12/11/2025 à 19h34