Boufeggous et Mejhoul volent la vedette au Sidattes

Des dattes Mejhoul exposées au Salon international des dattes (Sidattes) à Erfoud.

Cette année, au Salon international des dattes (Sidattes), deux variétés se démarquent une fois de plus: les Boufeggous et les Mejhoul. Longtemps dominée par la Mejhoul, la tendance s’inverse pourtant lors de cette nouvelle édition. D’après les exposants, la Boufeggous prend la première place en volume de ventes, dépassant la Mejhoul.

Le 02/11/2025 à 11h57

Changement de tendance à Erfoud. Sur les étals du 14ème Salon international des dattes au Maroc (Sidattes 2025), la variété Boufeggous s’impose cette année devant la célèbre Mejhoul. Moins connue pour son prestige, mais plus accessible, elle séduit de plus en plus d’acheteurs, selon les exposants rencontrés sur place.

Dans les allées du salon, les visiteurs déambulent entre les stands chargés de fruits dorés, soigneusement présentés. Les exposants viennent de toutes les régions du Royaume: Tafilalet, Zagora, Tata, Ouarzazate… chacun vantant la qualité de ses récoltes et la particularité de son terroir.

«Cette année, les ventes de Boufeggous dépassent celles de la Mejhoul», affirme une exposante d’Erfoud. «Le prix joue beaucoup. Les visiteurs comparent, et ils choisissent souvent la Boufeggous, qui reste très bonne, mais plus abordable.»

La Mejhoul, considérée comme la «reine des dattes», garde pourtant une image de prestige. Elle est prisée pour sa taille, sa texture moelleuse et son goût sucré. Mais son prix élevé, influencé par les coûts de production et la demande internationale, la rend moins accessible à la classe moyenne. «Tout dépend du pouvoir d’achat de chacun», explique un autre producteur. «Ceux qui veulent offrir ou exporter continuent de choisir la Mejhoul. Mais pour la consommation locale, la Boufeggous s’impose clairement.»

Originaire des oasis du Sud-Est, la Boufeggous est réputée pour sa résistance au climat aride et sa capacité à se conserver plus longtemps. Moins sucrée et plus ferme que la Mejhoul, elle est aussi très présente sur les marchés nationaux et dans les foyers marocains.

Si la Boufeggous domine légèrement cette année, la Mejhoul n’a pour autant pas perdu sa place. Elle reste parmi les variétés les plus vendues, très recherchée aussi bien par les visiteurs marocains que par les acheteurs étrangers. Son nom seul évoque la qualité, le prestige et le raffinement. Dans les stands du salon, elle attire toujours les regards, symbole d’un savoir-faire reconnu bien au-delà des frontières du Royaume.

Pour les exposants, il ne s’agit pas d’une concurrence, mais d’une complémentarité. «Chacune a son public», confie un producteur de Rissani. «La Mejhoul garde son prestige, la Boufeggous séduit par son accessibilité. En réalité, elles représentent deux visages d’un même patrimoine», ajoute-t-il. Les visiteurs, eux, oscillent souvent entre raison et plaisir. Certains privilégient le goût sucré et la texture fondante de la Mejhoul, d’autres préfèrent la simplicité authentique de la Boufeggous.

Face à la hausse du coût de la vie, de nombreux consommateurs se tournent vers des produits locaux à prix modéré, sans pour autant renoncer à la qualité. La Boufeggous répond parfaitement à cette attente, tout en portant haut les couleurs du terroir marocain. Quant à la Mejhoul, elle conserve son rôle d’ambassadrice de la datte marocaine sur la scène internationale. Chaque datte cueillie raconte la main qui l’a récoltée, le sol qui l’a nourrie et le soleil qui l’a mûrie.

Le Sidattes touche à sa fin ce 2 novembre, mais continue d’unir ceux qui vivent de la datte et ceux qui la célèbrent. Cette édition arrive dans un contexte particulier, celui d’une récolte exceptionnelle, estimée à plus de 160.000 tonnes, soit une hausse de 55% par rapport à l’an dernier. Dans les vergers du Sud, les palmiers ont donné davantage, et cela se ressent sur les étals.

Une année généreuse donc, qui redonne le sourire aux producteurs et confirme la vitalité d’une filière qui, malgré les défis du climat, continue de porter les couleurs des oasis marocaines.

Par Najwa Targhi
Le 02/11/2025 à 11h57