La stratégie d’expansion au-delà des frontières du Royaume des trois grandes banques marocaines (Attjirawafa bank, Banque centrale populaire et Bank of Africa), entamée vers la fin des années 2000, apparaît de plus en plus comme un pari gagnant d’un point de vue de la diversification des sources de revenus.
En 2020, dans un contexte économique fortement impacté par la crise sanitaire, ce pari s’est révélé particulièrement payant, puisque les filiales étrangères des trois groupes bancaires marocains ont globalement affiché des résultats au beau fixe, et ont grandement contribué aux bénéfices de leurs maisons-mères, permettant à celles-ci de compenser, en partie, la baisse d’activité enregistrée au Maroc.
Ainsi, selon le dernier rapport annuel sur la stabilité financière, publié par Bank Al-Maghrib, les activités à l’étranger des trois banques précitées ont contribué à hauteur de 25% du volume total d’activité du secteur. Autrement dit, le quart des revenus du secteur bancaire marocain provient des activités hors-Maroc.
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Mieux encore, en termes de bénéfices, la contribution de ces filiales au RNPG des trois groupes bancaires est passée de 29% à fin 2019 à 42% à fin 2020, au détriment de celle du Maroc, qui est passée de 71% à 58% à fin 2020, indique le rapport.
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Le Produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d’affaires dans le secteur bancaire) agrégé dégagé par les filiales s’est lui accru de 8% pour totaliser un montant de 20,3 milliards de dirhams. Cela représente 36% du PNB consolidé des trois groupes bancaires.
Une présence dans 35 paysSelon le rapport sur la supervision bancaire, à ce jour, les groupes bancaires marocains disposent de 51 filiales et 22 succursales présentes dans 35 pays, dont 27 en Afrique, 7 en Europe et un en Asie. Ils disposent également de 52 bureaux de représentation dans 17 pays, situés principalement en Europe.
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En Afrique, les groupes bancaires marocains sont présents à travers 45 filiales et 4 succursales réparties au niveau de 10 pays en Afrique de l’Ouest (dont 8 dans la zone de l’Union économique et monétaire Ouest Africaine), 6 pays en Afrique Centrale, 6 en Afrique de l’Est, 3 en Afrique du Nord et 2 pays en Afrique Australe. Dans le reste du monde, ils sont implantés, à travers 6 filiales et 18 succursales, dans 7 pays en Europe et en Chine.
Des risques à surveillerTrès rentables et en forte croissance, les activités étrangères des banques marocaines ne sont toutefois pas sans risques, notamment dans certaines régions du continent africain. Dans certains pays de présence, les banques sont confrontées à des risques liés à la fragilité des cadres réglementaires en vigueur, mais aussi à l’instabilité politique, aux conflits, etc.
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Dès lors, la principale préoccupation de la banque centrale est de s’assurer qu’un éventuel défaut d’une des filiales africaines ne provoque pas, par un effet domino, un choc sur la solvabilité de la maison-mère, mettant en péril le reste de ses activités.
Pour mieux appréhender ce risque, la banque centrale a conduit un «stress test», un exercice consistant à simuler des conditions économiques et financières extrêmes afin de mesurer la capacité de résistance des banques à de telles situations. Ce stress test, ou test de résistance, a permis d’évaluer l’impact de défaut des filiales établies en Afrique sur leurs maisons-mères.
Les résultats sont plutôt rassurants: la résilience des trois banques panafricaines est confirmée, avec des ratios de solvabilité qui demeurent supérieurs aux minimas réglementaires. Autrement dit, l’impact du risque de contagion transfrontalière sur la solvabilité de ces trois banques marocaines reste limité.