Banques: malgré l’effet de l’amnistie fiscale, le déficit en liquidités reste préoccupant

L’amnistie sur les liquidités a entraîné une injection notable de 60 milliards de dirhams dans le système bancaire marocain.. DR

Revue de presseL’amnistie fiscale visant à régulariser les avoirs liquides non déclarés a permis d’intégrer des montants significatifs dans le circuit bancaire. Bien que cette amélioration soit notable, elle reste néanmoins fragile. Le déficit structurel de liquidité du secteur bancaire demeure une source d’inquiétude. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 19/01/2025 à 21h08

Le lancement en 2024 d’une amnistie fiscale destinée à régulariser les avoirs liquides non déclarés a constitué une étape importante pour l’économie marocaine. Cette mesure a permis de réinjecter des sommes considérables dans le système bancaire formel, offrant un répit temporaire au secteur financier et ouvrant de nouvelles perspectives pour l’économie nationale, note le quotidien L’Economiste dans son édition du lundi 20 janvier.

«L’amnistie sur les liquidités a entraîné une injection notable de 60 milliards de dirhams dans le système bancaire marocain. À court terme, cette initiative a contribué à réduire les tensions de trésorerie des banques, notamment en compensant l’effet d’éviction causé par les taux d’intérêt compétitifs sur le marché boursier», explique Mostafa El Jai, universitaire et économiste, cité par le journal.

Cet afflux de fonds a permis d’atténuer les tensions sur le marché interbancaire dès la première semaine de janvier, ce qui a conduit Bank Al-Maghrib à réduire ses interventions hebdomadaires, passant de 156 milliards à 144 milliards de dirhams. Par ailleurs, les avances à 7 jours, indicateur clé de la liquidité bancaire, ont également diminué, passant de 60 à 53 milliards de dirhams.

Selon les experts cités par L’Economiste, cet afflux de liquidités présente plusieurs opportunités. À moyen terme, il élargit les marges de manœuvre des banques pour financer l’économie réelle, stimulant ainsi l’investissement et la consommation. Une partie de ces fonds pourrait également être orientée vers l’achat de bons du Trésor, renforçant les finances publiques. De plus, en encourageant leurs clients à investir sur les marchés financiers, les banques pourraient dynamiser la Bourse de Casablanca, créant un cercle vertueux entre liquidités bancaires, financement public et dynamisme économique.

Cependant, malgré ces apports ponctuels, les défis structurels liés à la liquidité bancaire persistent. Les prévisions de Bank Al-Maghrib indiquent une augmentation continue des besoins en refinancement des banques, estimés à 164,6 milliards de dirhams en 2025 et à 192,3 milliards de dirhams en 2026. Un professionnel des marchés financiers, également cité par le quotidien, souligne que, «si l’amnistie a apporté un soulagement temporaire, elle ne résout pas les problèmes de fond. Le Maroc devra diversifier ses sources de financement pour réduire la dépendance du secteur bancaire aux interventions de Bank Al-Maghrib».

En effet, le déficit moyen de liquidité bancaire continue de s’aggraver, atteignant -148,46 milliards de dirhams, soit une hausse de 12,39%. Bien que les avances à 7 jours aient reculé à 53,3 milliards de dirhams, les tensions persistent sur le marché monétaire. Pour stabiliser la situation, Bank Al-Maghrib prévoit d’intensifier ses interventions en augmentant le volume des avances à 7 jours à 57,4 milliards de dirhams lors de la prochaine période.

Par Nabil Ouzzane
Le 19/01/2025 à 21h08