Assurances: en 2023, le secteur a affiché le taux de croissance le plus faible depuis une décennie

Le siège de l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), à Rabat.

L’activité dans le secteur des assurances a progressé en 2023 de 3,9%, le plus bas niveau de croissance observé depuis 10 ans, indique l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS). Cette baisse de régime s’explique par la forte décélération de la branche vie, après plusieurs années de croissance à deux chiffres.

Le 07/05/2024 à 18h55

L’année 2023 n’a pas été très favorable au secteur des assurances. L’activité y a, en effet, marqué le pas, affichant le taux de croissance le plus faible depuis dix ans, exclusion faite de 2020, année de crise sanitaire, selon les chiffres publiés par l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS).

«Après plusieurs années d’évolution soutenue, l’activité d’assurances marque un ralentissement de la croissance en 2023», n’ayant progressé que de 3,9%, indique l’ACAPS. L’Autorité a toutefois relevé que le volume d’affaires réalisé, de 55,9 milliards de dirhams (MMDH), est l’équivalent du double de celui réalisé il y a dix ans.

Cette baisse de régime s’explique par la forte décélération de la branche vie qui «marque une pause nette» en 2023, s’accroissant de 1,8% à 25,9 MMDH par rapport à 2022, après plusieurs années de croissance à deux chiffres, note l’ACAPS. La situation est attribuée principalement à la progression «inhabituellement faible» de l’épargne (1,5%), alors que les primes décès se sont accrues de 3,7%.

L’évolution de certains indicateurs de l’activité d’assurances en 2023. (Source: ACAPS)

Quant à l’assurance non-vie, elle a enregistré un volume d’émissions de 30,1 MMDH, en croissance de 5,8%, essentiellement grâce à l’assurance automobile, dont les primes émises ont augmenté de 4,7% (à 14,4 MMDH), et les accidents corporels, dont les primes ont connu une hausse de 6,8% (à 5,4 MMDH). Les primes incendie ont également progressé de 8,8% (à 2,3 MMDH), alors que le reste des catégories non-vie, représentant près de 27% de la branche, ont affiché une croissance de 6,4% à 8 MMDH.

En réassurance, après un rebond de 30,3% en 2022, le volume des acceptations «reprend son rythme normatif de progression» avec un taux de 4,5%, s’établissant à 3,8 MMDH, dont l’essentiel provient du réassureur national qui concentre 80,1% de part de marché, réalisé essentiellement en non-vie à hauteur de 91,4%, note l’ACAPS. Globalement, le volume d’affaires du secteur, acceptations en réassurance comprises, a connu une amélioration de 4%, s’élevant à 59,8 MMDH.

Aggravation de la sinistralité en 2023

L’année 2023 a aussi été marquée par une aggravation de la sinistralité. Les prestations et frais supportés par les assureurs et réassureurs ont enregistré une hausse «considérable» de 19,3%, atteignant 55 MMDH.

Avec 27,3 MMDH de charges de prestations, les assurances non-vie affichent la plus forte augmentation (41,6%), au moment où la hausse enregistrée par les assurances vie reste modérée (3,3%) avec environ 28 MMDH. La montée des prestations et frais a été généralisée à l’ensemble des acteurs du marché. Les assureurs directs ont continué de supporter l’essentiel des prestations et frais comptabilisés avec 50,1 MMDH, en accroissement de 13,6%.

Les charges de prestations du réassureur exclusif ont, quant à elles, augmenté significativement, passant de 2 à 4,9 MMDH d’une année à l’autre.

En 2023, les compagnies d’assurances et de réassurance ont comptabilisé des charges techniques de 11 MMDH, en légère baisse (-0,2%) par rapport à 2022.

Au volet des engagements, les provisions techniques des entreprises d’assurances et de réassurance sont restées sur leur trend haussier avec un encours de 216,3 MMDH, en augmentation de 5,9% par rapport à 2022. Sur ce volume, les assureurs directs ont concentré 94,1%.

Nette appréciation des produits de placements

En ce qui concerne l’investissement, le portefeuille de placements affectés des entreprises d’assurances et de réassurance s’est apprécié de 5,5%, s’élevant à 217,4 MMDH en valeur d’inventaire, soit 72,7% de leur total bilan.

Globalement, la stratégie de placements des assureurs directs reste axée sur les actifs de taux qui ont concentré 48% et sur les actifs d’actions qui pèsent 43,1% de l’ensemble des placements. Les autres types de placements ont représenté 9% du total. S’agissant de la rentabilité des placements financiers, «elle a renoué avec la hausse» dans le sillage de la reprise du marché boursier, indique l’ACAPS. Les produits nets de placements ont clôturé l’année dernière avec une performance «remarquable», enregistrant une croissance de 28,2% à 8,8 MMDH.

Le secteur améliore sa rentabilité

En 2023, le secteur des assurances a amélioré sa rentabilité, réalisant un résultat net de 4,5 MMDH, en progression de 5,8%. De ce fait, le taux de rendement des fonds propres (résultat net/ fonds propres) ressort en hausse à 9,6% contre 9,4% un an auparavant. «Cette embellie occulte, toutefois, des évolutions contrastées par composante», souligne l’Autorité. Le résultat technique net qui s’est apprécié, quant à lui, de 19,9% à 5,7 MMDH.

Parallèlement, le résultat non technique a affiché un déficit de 105,6 millions de dirhams après un excédent de 626,2 millions un an auparavant. En termes d’assise financière, les fonds propres du secteur se sont renforcés de 3,8% pour se chiffrer à 47,2 MMDH «grâce, entre autres, à l’appréciation du résultat net», est-il expliqué.

Takaful monte en puissance

Au cours de l’année 2023, l’activité Takaful a généré un volume global de primes de 65,9 millions de dirhams, en accélération de 475,9% par rapport à 2022. Près de 90% de ce volume est drainé par la catégorie Takaful famille, composée de l’assurance décès et de l’investissement Takaful. Pour l’assurance incendie et de la couverture contre les conséquences d’événements catastrophiques, elles ne pèsent que 9,2% et 0,8% respectivement.

Les opérateurs Takaful ont engagé, pour le compte des Fonds Takaful, des prestations et frais de l’ordre de 16,9 millions de dirhams, dont 13,5 millions au titre de l’assurance Takaful famille. En termes de charges techniques d’exploitation, les Fonds Takaful ont supporté 29,8 millions de dirhams, dont 8,7 millions ont été versées comme commissions pour la présentation des opérations d’assurance Takaful.

En ce qui concerne les engagements techniques, les opérateurs Takaful ont renforcé les provisions techniques brutes pour le compte des Fonds Takaful et ont constitué un encours de 16,2 millions de dirhams contre 3,3 millions à fin décembre 2022.

Les opérateurs Takaful ont enregistré un résultat technique déficitaire de 10,1 millions de dirhams. En comptabilisant le résultat non technique excédentaire de 3,5 millions de dirhams, le déficit s’est réduit à 6,7 millions de dirhams en 2023 contre 15,3 millions un auparavant.

Par Lahcen Oudoud
Le 07/05/2024 à 18h55