La réunion ministérielle de haut niveau visant à intensifier le financement de l’émergence africaine, tenue, ce jeudi 12 octobre 2023, en marge des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, s’est conclue par l’approbation de la «Déclaration de Marrakech».
Dans cette Déclaration, les 48 pays participants à cette réunion de haut niveau, organisée à l’initiative du Maroc, ont appelé à la réalisation des priorités de croissance du continent, qui respecte la souveraineté, l’intégrité territoriale des États africains et contribue à l’épanouissement de ses populations.
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Ils ont également plaidé pour le renforcement de l’effort de coopération, aussi bien dans un cadre bilatéral que multilatéral, pour appuyer les pays africains dans la résorption du déficit en infrastructures, à travers notamment l’augmentation du financement, la fourniture et le transfert de l’expertise technique et technologique et le renforcement des capacités.
Les pays africains, qui s’adressaient aux bailleurs de fonds, partenaires et pays amis, ont aussi préconisé l’appui de l’émergence d’un secteur privé dynamique et créateur de richesse, à même d’accompagner le développement de projets d’infrastructure structurants et pour combler le déficit de financement des infrastructures.
Appel à la création d’une task-force interafricaine
Lors de cette réunion, ils ont invité la ministre de l’Économie et des finances du Maroc à œuvrer pour le suivi de la mise en œuvre de cette déclaration et à la création d’une task-force interafricaine qui sera mise à la disposition des pays du continent pour la mise en commun des bonnes pratiques et des expériences dans les métiers du développement et du financement des infrastructures en Afrique, l’accompagnement dans le développement de projets d’infrastructure structurants et bancables et l’appui au portage de projets d’infrastructure africains lors des roadshows pour les levées de fonds auprès des investisseurs potentiels.
Ils se sont également prononcés pour un appui à la mise en place et à l’opérationnalisation de la task force interafricaine dans le cadre d’un dialogue ouvert visant la promotion des activités de développement des infrastructures en Afrique.
Ils ont, par ailleurs, réaffirmé leur engagement à œuvrer pour une co-émergence durable africaine dans laquelle l’investissement dans les infrastructures jouerait un rôle de locomotive de développement, et ce, dans le cadre d’initiatives conjointes continentales et régionales, à tirer parti des initiatives internationales en matière d’infrastructures au profit de l’émergence du continent africain et à intensifier leurs efforts communs pour renforcer le climat des affaires à travers l’amélioration des conditions structurelles de l’investissement, la mobilisation de financements pour stimuler la relance économique et la création d’un environnement favorable à l’entrepreneuriat et à l’innovation.
Les pays participants ont, en outre, réitéré leur engagement à encourager la mise en place d’un modèle de gouvernance climatique distinct grâce à l’esprit partenarial et d’appropriation africaine et à œuvrer à la mobilisation de diverses sources de financement, particulièrement privées, afin de relever plus efficacement le défi lié aux infrastructures en Afrique et réduire la pression sur leurs ressources publiques.
Ils ont, d’autre part, souligné qu’en dépit des efforts menés, ils restent confrontés à des défis de taille, en matière d’infrastructures qui jouent un rôle crucial pour le développement de leurs industries, de leurs chaînes de valeur, la création d’emplois, l’amélioration du niveau de vie de leurs populations et la contribution à l’atteinte des objectifs des Agendas 2030 et 2063.
La Déclaration de Marrakech a affirmé que la question du financement demeure dès lors un enjeu crucial à adresser pour le développement de programmes d’infrastructure ambitieux, à même de combler le déficit en infrastructures dont souffrent les pays africains et que cet effort de financement ne peut être assuré uniquement par des ressources publiques.
L’absence d’une solidarité internationale pointée du doigt
L’absence d’une solidarité internationale agissante et pérenne ralentit considérablement l’élan de l’action climatique en Afrique, pénalisant le continent, qui n’a reçu, jusqu’à 2020, que 12% des flux annuels de financement climatique dont il a besoin, précise-t-on dans la Déclaration de Marrakech.
Les participants à cette réunion ministérielle de haut niveau ont estimé que les progrès réalisés par le continent à différents niveaux, notamment sur le plan des infrastructures, se sont traduits par la concrétisation de projets d’envergure et témoignent de la volonté de leurs pays à résorber le déficit que connaît l’Afrique sur ce plan et à réaliser un développement durable et une croissance solide.
Ils ont aussi relevé que «la consolidation des relations économiques intracontinentales, en alignement avec les objectifs et engagements de nos pays à développer la coopération Sud-Sud, constitue une condition clé pour le développement futur de notre continent et nécessite la mise en place d’infrastructures de qualité en vue d’accompagner ces ambitions».
Dans leur Déclaration, les pays africains ont tenu à remercier le roi Mohammed VI «pour son leadership et son attachement au renforcement de la coopération interafricaine, ainsi que le gouvernement et le peuple marocain pour avoir accueilli les Assemblées annuelles du groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international et pour la chaleureuse hospitalité accordée à tous les participants».
Ils ont, en outre, félicité le Maroc pour sa désignation comme pays hôte de la Coupe du monde 2030, qui représente une opportunité unique de catalyser la croissance et la modernisation des infrastructures dans le Royaume et qui témoigne de la confiance en la capacité de l’Afrique à relever les plus grands défis.