Arnaques au recrutement: la nouvelle mode au Maroc

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Revue de presseOuvriers, cadres ou étudiants, de nombreux Marocains candidats à l’expatriation professionnelle en Europe, en Amérique du Nord ou en Asie se trouvent abusés par des arnaques au recrutement. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 01/08/2024 à 22h35

Ces dernières années, les exemples de Marocains victimes d’arnaques aux fausses offres à l’emploi à l’étranger se sont multipliés. L’alerte a été donnée par le magazine Jeune Afrique qui cite, parmi les nombreux exemples, celui d’un faux courtier, arrêté et incarcéré en 2022 à Kénitra, pour avoir escroqué 127 personnes de sommes allant de 1.500 à 9.000 euros. «Il leur avait fourni de faux contrats de travail pour exercer en Allemagne», lit-on.

Autre exemple: plusieurs ouvriers marocains ont été victimes d’une arnaque à l’emploi ourdie par le responsable d’une société établie à Toulouse, dans le sud-ouest de la France. Recrutés dans leur pays d’origine, ces travailleurs avaient avancé entre 8.000 et 12.000 euros chacun. «Une fois sur place, les ouvriers n’ont quasiment jamais travaillé et se sont retrouvés livrés à eux-mêmes», relate encore Jeune Afrique.

Au-delà du préjudice financier, d’autres conséquences catastrophiques peuvent résulter de ces arnaques à l’expatriation. En effet, certains demandeurs d’emploi se retrouvent à figurer sur les listes noires des services consulaires, car leur dossier contenait un contrat de travail factice. D’autres découvrent, une fois arrivés à l’étranger, que leurs contrats sont falsifiés, ce qui réduit quasi à néant la possibilité de se loger.

«L’un des cas les plus récents et les plus graves est celui de ces 21 Marocains qui, en avril dernier, après avoir répondu à des offres d’emploi en ligne, croyaient se rendre en Thaïlande pour obtenir un meilleur salaire en travaillant pour des casinos», lit-on encore.

Les victimes ont transité par la Malaisie, avant d’être prises en otage en Thaïlande, puis transférées par avion dans une zone à la frontière avec le  Myanmar (ex-Birmanie), où ils se sont retrouvés dans des centres d’appels gérés par des gangs armés locaux.

Les pays européens sont des victimes indirectes de ce type de fraude. En particulier la Belgique, où neuf Marocains ont été condamnés à des peines de prison ferme en 2023 pour avoir permis à 215 personnes, grâce à de faux contrats de travail, de s’installer dans le pays, et où ils ont pu bénéficier d’allocations chômage entre 2011 et 2018. Une somme qui s’élève au total à 5 millions d’euros.

Si les intermédiaires ont l’opportunité de faire autant de victimes, c’est parce que la conjoncture migratoire marocaine s’y prête, indique Jeune Afrique. Selon les chiffres de l’OIM consolidés pour l’année 2019, les motifs du «désir d’émigrer» sont principalement économiques (73,5 %) et sociaux (21,8 %). Les intéressés sont souvent des jeunes (51,5 % ont entre 15 et 29 ans), de milieu urbain (84,3 %, contre 15,65 % vivant en milieu rural) et qui ont fait des études supérieures (86 % ont un niveau universitaire ou disposent d’une formation).

Par Nabil Ouzzane
Le 01/08/2024 à 22h35