Au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) du pays avait enregistré une hausse de 18,3% sur un an, du fait de la faible base de comparaison avec le début 2020, quand l'activité était paralysée par l'épidémie.
Désormais quasi débarrassée du Covid-19, la Chine a été le premier pays à retrouver dès fin 2020 un niveau d'activité pré-pandémie.
Par rapport au premier trimestre 2021 -base de comparaison plus réaliste- l'évolution du PIB est en hausse de 1,3%, après 0,6% sur la période janvier-mars.
Mais la reprise est "inégale" et de "nombreuses incertitudes externes" persistent, a prévenu le Bureau national des statistiques (BNS).
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"Des efforts restent nécessaires pour consolider les bases d'une reprise et d'un développement stables", a estimé le BNS.
Ce ralentissement de la croissance était largement anticipé. Un groupe d'analystes sondés par l'AFP tablait sur une décélération plus prononcée (7,7%).
Pas sortie d'affaire"Les exportations ont été un moteur clé" grâce à la reprise aux Etats-Unis, dans l'Union européenne et au Royaume-Uni, remarque pour l'AFP l'analyste Rajiv Biswas, du cabinet IHS Markit.
En juin, les ventes à l'étranger du géant asiatique s'affichaient ainsi en hausse de 32,2% sur un an.
Mais "le pic semble atteint" et les exportations devraient se tasser, prévient l'analyste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.
La demande de l'étranger en produits électroniques (pour le télétravail) et pharmaceutiques a porté ces derniers mois les exportations chinoises. Mais elle devrait à présent être moins forte à mesure que l'économie mondiale repart et que la vaccination progresse, estime-t-il.
Au deuxième trimestre, "la reprise des investissements, de la consommation et des services s'est accélérée mais [la Chine] n'est pas encore tout à fait sortie d'affaire" au niveau sanitaire, estime l'analyste Gene Ma, de l'Institut de la finance internationale (IIF).
En cause notamment: l'apparition au printemps d'un foyer de Covid-19 qui a particulièrement pesé sur l'activité et la consommation dans le Guangdong (sud), une province très peuplée où de nombreuses usines sont implantées.
La flambée des prix des matières premières a également été un frein à la reprise.
Et afin d'atténuer le choc, Pékin a annoncé le mois dernier mettre sur le marché des métaux puisés dans ses réserves nationales.
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La production industrielle chinoise s'est néanmoins tassée en juin (+8,3% sur un an), contre 8,8% un mois plus tôt.
De même que les ventes de détail, principal indicateur de la consommation: +12,1% sur un an, contre 12,4% en mai.
Pression sur les PMECes deux indicateurs n'en demeurent pas moins "résilients" et sont à des niveaux supérieurs aux attentes des analystes, remarque M. Biswas.
Quant à l'investissement en capital fixe, sa croissance décélérait sur les six premiers mois de l'année à 12,6%, selon le BNS.
Le taux de chômage -calculé pour les seuls urbains- s'est affiché en juin à 5%, après un record absolu de 6,2% en février 2020, au plus fort de l'épidémie.
Si la Chine a été la seule grande économie à connaître une croissance positive en 2020, elle doit à présent entrer dans une nouvelle phase de reprise.
Le Premier ministre Li Keqiang a reconnu cette semaine que les petites et moyennes entreprises -principal vivier d'emplois- étaient sous pression du fait de la hausse des matières premières.
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Et dans ce contexte d'essoufflement de la reprise, la banque centrale a annoncé vendredi une baisse du taux de réserve obligatoire des banques.
Cette mesure doit leur permettre de prêter davantage aux entreprises, à des conditions plus favorables, et in fine de soutenir l'emploi.
D'après la banque centrale, cette décision doit permettre d'injecter à long terme 1.000 milliards de yuans (130 milliards d'euros) dans l'économie.
Le Fonds monétaire international (FMI) table cette année sur une hausse de 8,4% du PIB de la seconde économie mondiale, après 2,3% en 2020.