La situation financière de l’AMO-Secteur public gérée par la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) ne prête guère à l’optimisme. Ses déficits récurrents sont symptomatiques de problèmes structurels nécessitant des mesures d’urgence. L’alerte est donnée par le quotidien L’Economiste dans son édition du jeudi 4 juillet.
«Réuni la semaine dernière, le conseil d’administration de la Cnops a lancé un appel pressant aux pouvoirs publics pour redresser la situation et assurer la pérennité du régime AMO du secteur public. Après avoir enregistré des déficits de 878 millions de dirhams en 2022 et de 1,51 milliard de dirhams en 2021, l’AMO-Secteur public a terminé l’année 2023 sur un déficit de 1,28 milliard de dirhams», lit-on.
Cette situation soulève de sérieuses interrogations quant à la durabilité financière du système, surtout qu’elle a contraint la Cnops à puiser dans ses réserves de sécurité. Cette dernière a racheté 1,6 milliard de dirhams de ses réserves de sécurité pour honorer ses engagements envers les assurés et les prestataires de soins. Cela fait courir à l’AMO le risque d’épuisement de ses réserves à l’horizon 2027, a noté le conseil d’administration en marge de sa réunion.
«Le déficit de la Cnops s’explique principalement par un déséquilibre entre les cotisations des assurés et les paiements des prestations. En 2023, les cotisations ont atteint 6,31 milliards de dirhams, tandis que les paiements ont grimpé à 7,45 milliards», souligne L’Economiste.
En cause, le taux de cotisation est figé depuis 2005, limitant ainsi les ressources face à l’augmentation des dépenses. De plus, la cotisation est plafonnée à 400 dirhams quel que soit le niveau de salaire. L’origine du déficit est à trouver également dans l’élargissement du panier de soins avec l’inclusion de médicaments coûteux et d’autres services médicaux sans études médico-économiques adéquates.
Les coûts sont également exacerbés par la cherté des prix des médicaments, des dispositifs médicaux, et autres soins. «Le risque est que la pression pour réduire les coûts entraîne des compromis sur la qualité des soins», lit-on encore.
La Cnops doit également faire face à un nombre croissant de personnes atteintes de maladies de longue durée et coûteuses, représentant 53% des dépenses. De plus, le vieillissement de la population assurée, avec 38,4% en 2023 contre 20,8% en 2006, aggrave la situation. En conséquence, le taux de sinistralité est passé de 51,6% en 2022 à 52,9% en 2023. L’année dernière, le nombre de bénéficiaires de l’AMO-Secteur public s’est élevé à 3,11 millions de personnes.