L’ALE Maroc-Turquie suscite un véritable tollé entre, d’une part, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy, et, d’autre part, certaines dirigeants islamistes connus pour leurs liens étroits avec l’AKP, le parti au pouvoir en Turquie (PJD d'Erdogan).
Le cas de BIM a été évoqué par un député du PJD, Driss Azami Al Idrissi pour ne pas le nommer, lors de la séance des questions orales au parlement, lundi 10 février dernier.
«Il ne faut pas mentir aux Marocains. Qui a fait venir BIM au Maroc? L’ALE a été signé en 2004 et son entrée en vigueur remonte à 2006. Qui était alors ministre de l’Industrie et du Commerce?», a lancé le maire de Fès (également ancien ministre délégué en charge du Budget).
En réponse à cette question (ainsi que d’autres sur le même sujet), MHE a du rappeler aux députés qu’il a reçu, cela fait cinq ans, soit le 22 octobre 2014, le président de l’enseigne turque, accompagné du patron de sa filiale marocaine, les sommant de relever la proportion des produits locaux vendus dans les magasins BIM au Maroc, jusqu’à atteindre au moins une part de 50%.
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Le discounter turc n’a pas tardé à réagir aux propos de MHE. Dans une déclaration à Reuters, son directeur financier, Haluk Dortluoğlu, s’est farouchement défendu, affirmant que 85% des produits commercialisés au Maroc sont achetés auprès de fournisseurs locaux.
85% au lieu du seuil exigé de 50%! Le ministère de l’Industrie et du commerce ne peut que s’en réjouir. «Cela montre que BIM a réagi positivement à la requête des autorités marocaines», souligne un haut responsable du ministère, sans manquer de s’interroger sur le sens donné aux «achats locaux» insinués par le top management de BIM. Car la Turquie dispose d'un bon nombre de plateformes logistiques au Maroc et rien ne prouve à ce jour que les produits commercialisés par BIM sont fabriqués (et non pas achetés) localement à hauteur de 85%.
Ainsi, histoire de lever toute équivoque, Le360 a appris que le ministère de tutelle va diligenter une enquête pour s’assurer de l’origine de tous les produits proposés à la vente chez le discounter turc.
Notre interlocuteur tient à préciser que le sujet de BIM revenait dans les discussions à chaque fois que le MHE reçoit les représentants des chambres de commerce, notamment lors de la dernière tournée des régions précédant la tenue du Forum du commerce, organisé en mai 2019 à Marrakech.
Soutenus par l’Etat turc, les magasins BIM ne cessent d’essuyer des pertes depuis l’installation de la marque au Maroc. Accusés de concurrence déloyale par les commerçants de proximité, ces magasins pratiquent des prix jugés excessivement bas. Chaque ouverture de magasin(BIM) entraîne la fermeture de 60 commerces de quartier, selon les chiffres communiqués par MHE, lundi au Parlement.