Pas besoin d’être agriculteur pour se réjouir des précipitations que connaît le royaume depuis dimanche. Mais il faut bien avouer que les agriculteurs ont des raisons pour être plus heureux que le commun des Marocains.
Après un début difficile de la saison agricole, le secteur perçoit en effet une lueur d’espoir. La pluie de ces derniers jours est bénéfique sur tous les points. C’est du moins ce que pensent les professionnels de l’agriculture, et particulièrement ceux affiliés à la Comader.
D’abords, il faut souligner que la sècheresse de ces derniers mois a été tellement aigüe que la moindre goutte d’eau qui tombe du ciel est salvatrice. Ensuite, il y a certains sous-secteurs qui avaient particulièrement besoin de pluies en ces temps. C’est le cas par exemple de l’élevage.
Avec la sècheresse des derniers mois, les professionnels ont constaté une dégradation des pâturages dont se servent généralement les éleveurs pour nourrir leurs bêtes. Les quantités de pluies enregistrées ces derniers jours et, surtout, le fait qu’elles ont couvert les plus importantes zones d’élevage au Maroc, devraient permettre de sauver une bonne partie des pâturages. «Ceci tombe à point nommé puisque nous avons constaté une augmentation importante des prix récemment et la pluie devrait permettre de la stopper», note Ahmed Ouayach, président de la Comader.
Pourvu que ça dure!
Pour ce qui est des cultures printanières, le gouvernement avait déjà annoncé une série de mesures pour les soutenir et en faire un relais pour limiter la casse subie sur les cultures automnales. Or, même avec ces mesures, il n’était pas sûr qu’elles puissent être sauvées si les précipitations n’intervenaient pas. Aujourd’hui, la pluie tombe au bon moment et si elle se poursuit d’une manière régulière jusqu’aux mois d’avril et mai, la saison devrait être sauvée pour ces cultures.
Du côté des fruits et légumes, des améliorations devraient également être constatées dans les périmètres irrigués, même si chez l’association des professionnels de ce segment (APEFEL), on préfère relativiser. D’abords, il faut rappeler que la région du Souss abrite une grande partie des terres où se cultivent ces produits. Or, celle-ci n’a pas été concernée par les fortes précipitations qu’ont surtout connues les zones centre et nord du royaume.
Ensuite, les cultivateurs de fruits et légumes disposent de moyens d’irrigation importants qui leur permettent de ne pas être dépendants du timing des précipitations. Hormis l’impact positif sur les réserves en eaux, les précipitations de ces derniers jours ne devraient donc pas impacter considérablement la production de ce segment.
Les cultures céréalières moins bien loties
Par ailleurs, il faut dire que la saison agricole est loin d’être complétement sauvée. Les cultures céréalières, qui représentent généralement 70 à 75% des terres cultivées au Maroc et une part importante dans le PIB national sont d’ores et déjà compromises. Non seulement leur culture nécessite une pluviométrie régulière à partir de l’automne, mais les agriculteurs eux-mêmes n’ont pas cultivé toutes les terres disponibles. Ceci est une tradition dans le secteur puisque beaucoup d’entre eux, en anticipant la sècheresse, préfèrent ne pas cultiver pour réduire leurs pertes.
Les pluies de ces derniers jours ne devraient donc pas avoir un impact considérable sur la production céréalière de cette année. Néanmoins, «les barrages et les nappes phréatiques vont se remplir, ce qui ferait naitre de l’optimisme pour la prochaine campagne agricole», souligne-t-on auprès des professionnels. Mais pour cela, il faudrait que les pluies se poursuivent durant les prochains mois.
Plus généralement, «la pluie a tendance à améliorer le morale des agriculteurs, chose qui permet de redynamiser le secteur agricole», fait remarquer le président de la Comader. Reste à espérer qu’après ces pluies, les agriculteurs connaissent réellement un bon temps.