OCP Africa est en train d’opérer un saut qualitatif. La filiale du groupe OCP, qui a pour mission de contribuer au développement durable de l’agriculture africaine et dont l’activité principale est l’engrais, prévoit d’élargir son champ d’action à la production, la transformation et la commercialisation de produits agricoles.
C’est ce qu’a indiqué Youssef Lahmiti, responsable agrobusiness chez OCP Africa, cité dans le rapport annuel 2023 de cette dernière.
En effet, explique-t-il, après s’être concentré sur le développement du marché des engrais en Afrique, en devenant un acteur clé dans l’approvisionnement des pays africains en engrais adaptés, OCP Africa ambitionne d’étendre son activité au développement de l’agroalimentaire.
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Actuellement, les pays africains importent environ 35 milliards de dollars de produits alimentaires par an, un chiffre qui pourrait atteindre 110 milliards de dollars d’ici 2025, selon la Banque africaine de développement, relève-t-il.
Le marché agricole africain devrait connaître une croissance significative, avec des dépenses estimées à 2.000 milliards de dollars d’ici 2030, dont 40% consacrés à l’alimentation, note-t-il, soulignant que cette croissance représente un potentiel immense pour l’agro-industrie.
Pour opérer cette orientation, OCP Africa capitalise sur l’expertise «éprouvée» acquise grâce à ses programmes mis en œuvre à travers l’Afrique, selon le même responsable.
Vers une Business Unit dédiée à l’agrobusiness
Youssef Lahmiti souligne qu’il est désormais temps de capitaliser sur ces initiatives et sur l’écosystème du groupe en créant au sein d’OCP Africa une nouvelle Business Unit dédiée à l’agrobusiness et totalement détachée de la commercialisation des engrais.
Cette nouvelle entité, explique-t-il, sera stratégiquement positionnée entre l’exploration des opportunités commerciales dans le secteur agricole et la valorisation des projets existants, comme ceux en Côte d’Ivoire et au Rwanda.
Sa mission première sera de superviser la production, la transformation et la commercialisation de produits agricoles et agroalimentaires, tout en favorisant le développement de diverses chaînes de valeur.
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À cet effet, fait-il savoir, la stratégie d’investissement d’OCP Africa dans l’agrobusiness repose sur trois axes principaux, «profondément ancrés dans une approche inclusive».
Le premier axe se concentre sur les cultures vivrières, visant à accroître la productivité agricole et à diversifier les cultures essentielles telles que le riz et le blé. Le deuxième porte sur l’agriculture commerciale avec pour objectif de créer de la valeur pour OCP Africa, tout en veillant à ce que les agriculteurs locaux bénéficient également de ces activités, ajoute-t-il.
Le troisième axe stratégique met l’accent sur la promotion des «cultures perdues» (Lost Crops). L’objectif étant de revitaliser des cultures comme le fonio, le teff et le sorgho, qui ont souvent été négligées, mais qui ont un potentiel important pour diversifier les sources alimentaires et promouvoir la durabilité environnementale, poursuit-il.
Plusieurs projets stratégiques identifiés
Concernant la mise en œuvre de cette stratégie, après avoir lancé des projets, dont notamment «deux initiatives importantes» dans le riz et le maïs en Côte d’Ivoire, OCP Africa a identifié plusieurs projets stratégiques pour 2024, indique le responsable agrobusiness.
Il s’agit en premier lieu d’un projet au Rwanda qui consiste à développer 1.000 hectares pour la riziculture, en intégrant la production, la transformation et la commercialisation du riz usiné.
Cette initiative comprend la création d’une ferme modèle avec des techniques modernes d’irrigation par gravité en partenariat avec des experts du domaine et l’encadrement de petits producteurs locaux.
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Un autre projet en Côte d’Ivoire porte sur l’extension des activités à 500 hectares pour chaque ferme modèle à Brozan et Yamoussoukro, ainsi que sur la restauration d’une rizerie à Yamoussoukro.
OCP Africa envisage également, selon Youssef Lahmiti, de créer des fermes modèles et des installations de transformation agricole de pointe, visant à assurer la qualité et l’authenticité des produits finis sous la bannière distincte «Made by OCP in Africa».
Des pratiques agricoles durables
«Ces infrastructures ne seront pas seulement des sites de production mais aussi des laboratoires vivants pour des pratiques agricoles durables», selon le même responsable. Ce qui impliquera l’adoption de techniques telles que la culture de couverture, le travail du sol réduit et l’agroforesterie, qui améliorent la séquestration du carbone dans les sols et réduisent les émissions de gaz à effet de serre.
De plus, OCP Africa investira dans la recherche et le développement pour identifier et mettre en œuvre des stratégies adaptées aux conditions agroécologiques spécifiques de chaque région où elle opère et développer des engrais personnalisés.
En outre, elle prévoit de s’appuyer sur des infrastructures de pointe telles que des systèmes d’irrigation innovants et des technologies de mécanisation avancées pour garantir une utilisation efficace des ressources et une productivité optimale.