Au cœur de l’économie agricole marocaine, la filière laitière se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, confrontée à d’importants défis, notamment climatiques et économiques, qui menacent sa stabilité et sa capacité à subvenir aux besoins de la population en produits laitiers, indique le magazine Finances News Hebdo.
En 2019, la production annuelle de lait au Maroc atteignait 2,55 milliards de litres. Mais ça, c’était avant. «Cette production a légèrement diminué en 2020, s’établissant à 2,5 milliards de litres, avant de chuter à 2 milliards en 2022, marquant une baisse de 21%. Avec la réduction significative du nombre de vaches laitières et une augmentation drastique des prix des aliments pour bétail, qui ont grimpé de près de 88%, de nombreux producteurs, poussés au désespoir, ont vendu leur cheptel pour se tourner vers d’autres activités professionnelles», lit-on.
L’élevage au Maroc est réparti selon les conditions climatiques, les reliefs et les zones irriguées. Ce qui divise le pays en trois principales régions d’élevage. Les zones majeures comprennent le Souss, Tadla-Doukkala-Chaouia et l’Oriental. Les zones intermédiaires incluent Marrakech-Safi et Fès-Meknès, tandis que les zones moins importantes englobent Draa-Tafilalet et le Sud du pays. La sécheresse, devenue un phénomène de plus en plus récurrent au Maroc, met à rude épreuve les ressources en eau déjà limitées, essentielles pour le pâturage et l’alimentation du bétail.
«La réduction des précipitations a entraîné une diminution considérable des rendements fourragers, base de l’alimentation du cheptel laitier. Pour pallier cette situation, le gouvernement a pris des mesures telles que la subvention des aliments composés et l’abolition des droits de douane sur certains intrants agricoles pour soutenir les producteurs locaux. L’importation de lait en poudre est devenue une solution temporaire pour combler le déficit en lait frais», écrit Finances News Hebdo.
Cependant, bien que cette stratégie soit efficace à court terme, elle soulève des questions sur sa durabilité économique et écologique à long terme. En termes de développement durable, l’innovation technologique et l’adoption des pratiques agricoles plus résilientes pourraient jouer un rôle crucial. Le retour aux pratiques traditionnelles et l’utilisation de races bovines locales, adaptées aux conditions climatiques rigoureuses, sont également envisagés.
Pour atteindre l’autosuffisance laitière, le Maroc doit non seulement augmenter sa production, mais aussi réduire sa dépendance aux marchés extérieurs en fortifiant son secteur agricole local. «Cela nécessite un plan stratégique national qui intègre les subventions actuelles, les améliorations technologiques et un soutien accru aux petits et moyens producteurs», lit-on encore.
La combinaison des politiques soutenues, d’innovations technologiques et d’un retour judicieux aux pratiques traditionnelles pourraient ouvrir la voie à un avenir plus résilient et autonome pour la filière laitière marocaine.