Nouveau rebondissement dans l’affaire Drapor. Alors que le sort de Tarik Jakhoukh semblait scellé, avec sa condamnation à trois ans de prison ferme et une amende de 20.000 DH pour détournement, le voilà qui riposte en compagnie de Mohamed Bachiri et Hassan El Jay, également condamnés dans la même affaire.
Leurs avocats ont en effet déposé récemment une plainte directe contre l’expert Mustapha Badreddine dont le rapport a servi de base pour leur condamnation.
Selon la requête déposée auprès du juge d’instruction, et que Le360 a pu consulter, l’expert est accusé de faux témoignage pour servir les intérêts de la société Drapor et les autres sociétés du groupe, impliquées dans cette affaire.
L’accusation se base sur plusieurs éléments. Le premier est le fait que l’expert aurait rédigé son rapport sans prendre la peine d’écouter la version des parties condamnées, ni les banques, comme l’avait sollicité la cour. Il se serait contenté de rencontrer les responsables du groupe et faire son rapport selon les documents qui lui ont été fournis, sans pour autant chercher à affiner l’expertise.
Reprise des éléments d'un précédent auditParmi ces documents, figurerait le rapport d’audit effectué par le cabinet français Segec, audit qui avait pour rappel été réalisé à la demande de feu Lahcen Jakhoukh, père de Tariq et PDG à l’époque de Drapor.
La plainte relève en effet que l’expert Mustapha Badreddine aurait repris bon nombre d’éléments figurant dans ce rapport, alors qu’il a été déjà établi, lors d’une autre expertise initiée par le Parquet, qu’ils ne pouvaient être authentifiés.
Comme exemple de la présumée mauvaise foi de l'expert Mustapha Badreddine, les plaignants relèvent que dans sa page 46, le rapport d’expertise estime la valeur des ventes non déclarées à 25% des ventes réalisées à l’époque, citant le cabinet Segec comme seule source. Or, comme ce dernier avait réalisé un audit à la demande de la société plaignante dans le procès, il ne pouvait donc être neutre.
L'actionariat de Sitivas en questionEnsuite, l’expert aurait directement relevé la responsabilité de Tariq Jakhoukh en le considérant, comme ce fut le cas dans le rapport de Segec, qu’il était co-fondateur de la société Sitivas (qui aurait été utilisée pour le détournement). Or, selon la plainte, l’autre expertise sollicitée par le Parquet a établi que Younes El Fassi est reconnu comme seul actionnaire de la société Sitivas et non Tariq Jakhoukh.
Par ailleurs, la plainte s’attaque à ce qu’elle qualifie d'incohérences dans le rapport qui a relevé des opérations bancaires douteuses dont la responsabilité reviendrait à Hassan El Jay alors que celui-ci n’avait pas encore, ou avait déjà quitté, la société au moment de leurs réalisations.
D’autres opérations, citées comme douteuses sont relevées alors que l’expert n’aurait pas cherché à vérifier les factures, ni cherché des explications auprès des banques ou des condamnés.
Suite à ces présumés manquements, les plaignants réclament tout bonnement l’ouverture d’une procédure judiciaire contre l’expert en question.
Si les faits sont avérés, cela devrait certainement remettre en cause le premier jugement.
Affaire à suivre.