L’Union européenne (UE) et le Maroc ont scellé, ce jeudi, un accord agricole amendé qui transcende la simple relation commerciale pour devenir un marqueur stratégique de leur partenariat bilatéral. Pour la première fois, ce texte accorde des privilèges tarifaires aux produits agricoles issus des régions du Sud, soulignant ainsi l’excellence de la coopération économique entre les deux blocs.
Une intégration économique et des avantages douaniers étendus
Selon l’économiste Zakaria Firano, l’accord confirme une intégration économique accrue, négociée dans un esprit de partenariat mutuellement bénéfique. Les produits agricoles des provinces du Sud bénéficieront désormais des mêmes conditions d’accès préférentiel au marché européen que ceux du reste du Royaume, conformément aux dispositions de l’Accord d’Association Maroc-UE.
Ce dispositif introduit des ajustements techniques visant à optimiser la valorisation des exportations et la traçabilité des produits. Un étiquetage spécifique mentionnera désormais les régions de production du Sud – notamment «Laayoune-Sakiat el Hamra» et «Dakhla-Oued Eddahab» – offrant une information claire au consommateur et renforçant la transparence de la chaîne d’approvisionnement.
L’UE: un partenaire commercial «indispensable»
Zakaria Firano, également professeur d’économie à l’Université Mohammed V de Rabat, rappelle le poids colossal de l’UE dans la balance commerciale marocaine. L’Union est un partenaire historique majeur: les échanges globaux ont dépassé les 600 milliards de dirhams, dont près de 70 milliards sont imputables au seul secteur agricole.
«Cela confère de facto à l’Union européenne un statut de partenaire indispensable en matière de commerce international», précise l’économiste.
La nouveauté majeure de cet accord réside dans l’extension du régime douanier préférentiel aux régions sahariennes. Cette décision est significative, car le Maroc bénéficie déjà de trois régimes tarifaires pour ses exportations vers l’UE: un premier à taux de douane nul, un second à tarif réduit avec des baisses variant de 40% à 60%, et enfin un régime à tarif plein pour les produits moins stratégiques.
Désormais, ce statut avantageux sera intégralement appliqué aux régions du Sud, leur assurant ainsi un avantage compétitif crucial sur le marché européen.
Impact structurel et dynamique d’investissement
L’impact attendu sur l’économie régionale est significatif. L’élargissement de ces incitations tarifaires est un puissant levier de croissance qui devrait «booster le secteur primaire» dans les provinces du Sud, lesquelles contribuent déjà pour 12 à 15% à la valeur ajoutée régionale.
Zakaria Firano anticipe des investissements massifs dans le secteur agricole de ces régions, «d’autant plus que le débouché sur le marché européen est désormais sécurisé».
Plus largement, cet accord s’inscrit dans une dynamique de reconnaissance internationale de la souveraineté marocaine sur le Sahara. «L’Union européenne envoie un message politique fort de soutien à la cause nationale», affirme l’économiste.
Cette dynamique est renforcée par les récentes annonces d’investissements américains dans la région, ciblées sur les secteurs secondaire et tertiaire. Pour l’économiste, l’ouverture sur les provinces du Sud fait de cette zone une véritable «porte d’accès privilégiée vers l’Afrique», positionnant le Maroc comme un hub économique incontournable sur le continent.







