5G: les nouveaux défis que le Maroc se lance

Alors que de nombreux pays africains ont déjà basculé vers la 5G, le Maroc joue la carte de la prudence.. DR

Revue de presseAlors que de nombreux pays africains ont déjà basculé vers la 5G, le Maroc joue la carte de la prudence. Plutôt que de céder à la course au prestige, le Royaume parie sur un déploiement maîtrisé, misant sur la qualité de réseau et la rentabilité des usages pour transformer cette technologie en véritable levier de compétitivité. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Économiste.

Le 28/07/2025 à 19h28

À l’heure où des pays africains ont déjà sauté le pas de la 5G, le Maroc avance sans précipitation et avec un plan calibré pour viser l’efficacité plutôt que l’effet d’annonce. «Alors que certains pointent du doigt un «retard», Rabat défend une approche qu’elle estime plus réaliste, celle de poser les fondations avant de passer à la vitesse supérieure», indique le quotidien L’Économiste dans son édition du mardi 29 juillet. «La preuve, c’est qu’en Europe, précurseur en la matière, la 5G n’a généré qu’une hausse de 0,5% du chiffre d’affaires des opérateurs. Sur le plan commercial, c’est un échec», confie un cadre dirigeant de l’Agence nationale de réglementation des télécoms (ANRT) cité par le quotidien.

Certes, le secteur télécom marocain a connu plusieurs retards ces dernières années en matière de fibre optique, d’infrastructures et de couverture des zones blanches. Mais sur la 5G, le Royaume ne serait pas en décalage, même s’il passe après des pays comme l’Afrique du Sud, le Kenya ou le Sénégal. «Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Mieux vaut être premier en qualité de réseau qu’en vitesse de lancement», nuance un expert également cité par le quotidien.

Le Maroc mise d’ailleurs sur une montée en puissance maîtrisée et sera ainsi le premier pays en Afrique à déployer la 5G à pleine capacité. Il compte pour cela investir 80 milliards de dirhams d’ici 2035 pour couvrir 45% de la population dès 2026, puis 85% à l’horizon 2030. Pour décrocher leur licence, Maroc Telecom, Orange et Inwi se sont engagés sur ces seuils.

Plusieurs leviers ont été activés pour réussir ce pari. À commencer par le réaménagement des bandes de fréquences, la mutualisation de l’accès au génie civil, le partage des sites radio et l’accès aux fibres noires. Plus de 80% des sites radio urbains sont déjà fibrés et 3.000 sites sont partagés entre opérateurs. Autant de prérequis essentiels pour un déploiement efficace de la 5G.

«Reste le vrai casse-tête», souligne L’Économiste, celui de trouver le bon modèle économique. «La difficulté n’est pas technique, mais commerciale. Il faut rendre la 5G accessible, définir des offres adaptées et proposer des terminaux compatibles», analyse un expert. Les catalogues d’offres sont en cours de préparation et devront recevoir le feu vert de l’ANRT. Les opérateurs vont devoir capter rapidement une large base de clients. La concurrence ne se joue plus sur les infrastructures, mais sur les services.

Le lancement commercial est prévu pour novembre prochain. La 4G, elle, restera en place jusqu’en 2035, voire 2040. La coexistence des deux technologies est naturelle. La 4G vise le grand public, tandis que la 5G ouvre la voie à de nouveaux usages BtoBto. Si la technologie progresse vite, les coûts restent lourds. 70% de l’investissement est absorbé par les infrastructures et les travaux de génie civil. «À titre d’exemple, un pylône coûte entre 700.000 et un million de dirhams, et chaque opérateur devra couvrir au moins huit villes», note L’Économiste. Outre la couverture et la qualité de service, les opérateurs sont également tenus de respecter des standards élevés en cybersécurité, contrôlés via des audits réguliers.

Autre enjeu, le renouvellement des terminaux. «Installer le réseau, c’est une chose. Mais encore faut-il que les clients aient des téléphones compatibles», rappelle un expert. Au Maroc, un mobile reste en moyenne quatre ans entre les mains de son propriétaire, contre 12 à 18 mois aux États-Unis ou en Europe.

Par La Rédaction
Le 28/07/2025 à 19h28