Votre livre s’intitule «L'islam en otage», donc l'islam est pris en otage par qui, comment et pourquoi ?L’islam est en otage de deux mouvances, c'est ce que j'appel le double dilemme. Nous sommes aujourd'hui face à un dilemme, face à une double mouvance extrémiste, d'abord des fanatiques religieux, des gens qui se proclament de l'islam, mais qui sont fanatiques, qui instrumentalisent le texte et qui dévoie le contenu du texte à des fins purement politiques et autres, mais qui sont très loin de la finalité de la religion et de la spiritualité.
La deuxième mouvance ou le deuxième preneur en otage, ce sont des extrémistes antireligieux. Ce sont des gens qui attaquent l'islam parce qu'ils voient en lui un ennemi, ils voient en lui une capacité de moraliser la société, de moraliser l'individu et d'unir les gens sur des valeurs saines, sur des valeurs positives. Ce sont des gens qui n'aiment pas ça, parce que c'est des gens qui vivent sur les atrocités sur les malheurs des autres sur les guerres sur les affrontements.
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C'est pour ça que je parle d’une prise en otage, c'est parce qu'il y a quelque chose de noble, de valeureux, c'est la religion. Quand je dis religion, je parle avec un R majuscule. Mais malheureusement il y a des gens qui veulent se l'accaparer, et nous en exclure, ils veulent la spolier, ils veulent l'instrumentaliser à leur manière, et bien sûr nous confronter les uns aux autres et nous mettre en confrontation avec nos semblables avec nos frères dans l'humanité.
Avec ce qu'il se passe en France, l'islam de France et tout cela, aujourd'hui est ce que c'est possible d'avoir un islam comme cela, à la carte, ou pas? Et est-ce que justement la République française, ne prend pas en otage l'islam?Aujourd’hui, ce qu'il se passe en France est un petit peu typique. C'est d'ailleurs ce que je décris comme un preneur d'otages. Aujourd'hui certaines personnes, je ne parle pas de la France en entier, soit des politiciens, des journalistes, des polémistes, qui instrumentalisent la peur de l'autre et qui veulent créer un ennemi, et le monter de toutes pièces en la personne des musulmans. En les accusant, en créant cet amalgame et ce stéréotype du musulman extrémiste.
D'ailleurs, l'un des candidats à l'élection présidentielle, Eric Zemmour, pour ne pas le citer, a clairement dit sur un plateau TV moi je ne fais pas de différence entre un islamiste et un musulman, ce sont les mêmes. C'est à dire tous les musulmans, aujourd'hui on parle peut-être entre 5 et 8 millions de musulmans en France, qu'il met en accusation.
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Alors que les musulmans en France, on les retrouve partout. C'est des gens qui sont parfaitement intégrés dans la société, mais ça ne les empêche pas d'avoir leur propre identité. Quand je parle d'identité, ils sont profondément républicains, ils respectent le pays dans lequel ils vivent, et d'ailleurs c'est une richesse pour la France. Mais malheureusement, il y a une mise en cause des musulmans, parce que aujourd'hui il y a une crise économique profonde en France, et on veut la mettre sur le dos de l'étranger, de l'immigré, et particulièrement des immigrés musulmans et maghrébins.
L'islam est en otage aujourd'hui, qu'est ce qu'il faut faire pour s'en prémunir? Est-ce que le Maroc a un rôle à jouer là-dedans?
Je pense que la meilleure approche aujourd'hui, que ce soit en France, au Maroc ou ailleurs dans le monde, c'est qu'on revienne aux fondamentaux. Vous savez que ces extrémistes, que je décris un petit peu, et que j'accuse dans mon livre, ce sont une minorité, mais certes, elle est bruyante, elle est active, elle est visible, elle apparaît beaucoup sur les plateaux télé, sur les réseaux sociaux. De l'autre côté, c'est à dire l'ensemble de la communauté, qui est très importante, très nombreuses, elle est silencieuse.
Aujourd'hui je les interpelle je lui dis il faut s'exprimer, on ne doit pas se laisser représenter par une extrême minorité qu'on ne reconnaît pas.
Le Maroc a un rôle prépondérant et qu'il joue depuis très longtemps et qui lui est reconnu. Ca fait déjà plus d'une vingtaine d'années que nous avons créé un grand institut, qui porte le nom de Sa Majesté, l’institut Mohammed VI, pour la formation des imams et des «Morachidates». C'est un institut qui a été d'abord ouvert pour les Marocains, c'était notre manière un petit peu de défendre notre référentiel et de nous prémunir contre l'extrémisme et le fanatisme.
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Le Maroc est un leader, le Maroc est un précurseur, le Maroc est un modèle aujourd'hui, qui véhicule cette image noble, cette image belle, cette image positive. Nous sommes des gens pacifistes, nous sommes des gens qui aimons les autres et nous voulons que cet amour, que ce respect, que cette dignité et que ce vivre ensemble règne dans l'ensemble de l'humanité.
Dans nos livres sacrés, dans nos textes sacrés, dans les recommandations divines, nous sommes responsables des autres et cette responsabilité nous incombe, nous charge d'un certain nombre de prérogatives.
D'abord répandre la paix, répandre l'amour et le respect. Aider l'autre, tendre la main à tous ceux qui sont dans le besoin. Ce sont nos valeurs musulmanes, ce sont nos valeurs religieuses, ce sont nos valeurs divines et Dieu est le Dieu de tous et pas seulement des musulmans, des juifs ou des chrétiens.









