Ce film signé de Mohamed Nadif, et dont l’intrigue se déroule dans le pavillon des femmes dans un hôpital psychiatrique, révèle au grand jour le talent des comédiennes Rim Fathi et Jalila Talemsi.
Comment est née l’idée de ce film «Les femmes du Pavillon J»?L’idée du film est partie du premier long-métrage «Andalousie mon amour». C’est un film de comédiens hommes et la comédienne Asmaa Hadrami qui est aussi mon épouse, m’en a fait la remarque.
Nous en avons longuement discuté et nous avons décidé de revenir à mes premiers amours. Mes trois premiers courts-métrages composent une trilogie autour de la femme: «La jeune femme et l’ascenseur», «La jeune femme et l’instit», «La jeune femme et l’école». C’est parti de là. Ce film choral s’est imposé. Je voulais parler de plusieurs choses à la fois, mais j’étais obligé de dégraisser petit à petit pour arriver à raconter à la fois plusieurs histoires de femmes, dans un espace-temps qui est de 90 à 100 minutes.
Dans ce film choral vous êtes à la fois scénariste, réalisateur et acteur. Jouer dans ce film était-ce nécessaire ?Je n’avais pas l’intention de jouer dans ce film. Ce personnage devait être interprété par Jilali Ferhati. Mais malheureusement quelques jours après le début du tournage, il s’est désisté et j’ai commencé à réfléchir à d’autres personnes.
Asmaa El Hadrami, ma femme, m’en a soufflé l’idée et a suggéré que ce soit moi qui campe ce personnage. C’est ainsi que je suis à la fois l’auteur du film, le réalisateur, et le psy, qui est l’un des personnages centraux du film.
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De toutes les manières, moi, je me considère comme un acteur avant tout. Un violoniste qui passe chef d’orchestre mais qui a toujours l’envie d’être dirigé par lui-même ou par quelqu’un d’autre.
N’avez-vous pas peur que le fait que vous soyez à la fois réalisateur, producteur et scénariste ne se fasse au détriment de votre métier d’acteur pour lequel vous avez été formé?Je suis sûr que si je n’avais pas fait le choix d’être réalisateur et producteur j’allais continuer à travailler en tant qu’acteur. J’ai plus de maturité et plus d’expérience, et je peux être d’une grande utilité pour d’autres productions en tant qu’acteur.
N’avez-vous pas le sentiment que vous n’avez pas encore exprimé tous vos talents d’acteur, alors que vous venez avant tout du théâtre…Ce que vous dites est exact. Mais la proposition doit venir des autres. Je suis en attente de cette opportunité où je peux m’exprimer en tant que comédien.
J’ai créé une compagnie de théâtre pour produire mes propres pièces et pour y jouer. Je continue à faire la même chose au cinéma. Je ne veux pas attendre. C’est un choix. Je veux travailler avec les gens que j’aime et que je considère comme étant mes complices. Ce n’est pas facile, c’est très compliqué. La production exécutive, c’est Rachida Saâdi qui s’en occupe directement.
Jalila Talemsi, l’infirmière dans «Les femmes du Pavillon J» a finalement dominé dans ce film, même si le premier rôle est censé être collectif. Comment expliquez-vous cette situation?Il n’y a pas de doutes. Jalila est une grande actrice. Les autres aussi, sont de très grandes actrices. Après, tout dépend du personnage, comment il est construit et qui est devant ce personnage pour lui donner la réplique. On peut dire la même chose pour la petite Rim Fathi. On la déjà vu dans des sitcoms et séries mais c’est la première fois qu’elle interprète un premier rôle au cinéma, où elle est touchante et d’une justesse incroyable.
Comme vous le savez, je viens du théâtre, on faisait des italiennes, et ce que j’appelle la mise en bouche des dialogues. Parfois, il y a des comédiennes qui ont un souci avec des syllabes, alors je n’hésite pas à changer les mots, voir même les phrases qui posent problème. Elles ont toutes été d’un professionnalisme irréprochable. J'ai été très chanceux d’avoir ce cocktail-là de comédiennes. D’ailleurs, Rim Fathi a décroché le prix d’interprétation au 37e festival international d’Afrique à Montréal.