Kiarostami, qui a remporté la Palme d'or du Festival de Cannes en 1997 pour "Le goût de la cerise", avait quitté Téhéran la semaine dernière pour subir un traitement en France, a indiqué l'agence de presse IRNA, ajoutant que son décès avait été confirmé par la Maison du cinéma en Iran.
"Abbas n'est pas seulement le plus grand cinéaste iranien, le Rossellini de Téhéran, le chercheur qui trouve. C'était aussi un photographe inspiré. Il était l'art même", a tweeté l'ancien président du Festival de Cannes, le Français Gilles Jacob.
Kiarostami était né à Téhéran en 1940 dans une famille modeste, avant de devenir l'un des cinéastes les plus en vue du cinéma iranien dans les années 1960.
Des Prix dans les plus grands festivals mondiaux lui ont apporté une notoriété allant de l'Europe aux Etats-Unis ou au Japon.
Il est resté dans son pays après la Révolution islamique de 1979 et a continué à travailler avec le monde du cinéma à l'étranger.
L'agence officielle iranienne IRNA a affirmé que sa dépouille serait rapatriée en Iran pour y être enterrée.
Cinéaste du réel, humaniste et poète, lauréat de Prix des plus prestigieux, connu et reconnu dans le monde entier, il étaitt souvent comparé à Rossellini ou à Godard.
"Il fait partie de ces très rares cinéastes où il y a eu un avant et un après pour le cinéma", a ajouté Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque française.
"C'était un inventeur, car il arrivait à conjuguer un certain réalisme, en parlant beaucoup de son pays et des enfants de son pays, tout en sachant que le cinéma est un spectacle qui peut manipuler le réel".
(Extrait de "Le Goût de la cerise")
Il a son style, travailleur et indocile, et une apparence très particulière avec ses lunettes à verre fumé.
Les récompenses arrivent avec la Palme d'or à Cannes en 1997 pour "Le goût de la cerise", sur le désir de vivre et la fragilité d'un homme de 50 ans, qui lui causera des ennuis en Iran parce que l'actrice française Catherine Deneuve lui a fait une bise en lui remettant le Prix, ce qui causa la fureur des conservateurs.
"Sans lui, je n'aurais jamais pu faire Persepolis", a renchéri la dessinatrice et réalisatrice Marjane Satrapi qui avait fait sa connaissance en France après avoir admiré ses films en Iran.
"En Europe, on avait vu ses films, donc on ne voyait plus les Iraniens comme des terroristes, mais comme des êtres humains. Il a ouvert la voie à toute une génération d'artistes iraniens. Nous lui sommes tous redevables", a-t-elle dit à l'AFP.