Traditions renouvelées. À la (re)découverte de l’art subtil de la confection des Âmarias à Fès

Des Âmarias exposés dans un atelier à Fès. (Y. Jaoual / Le360)

Le 10/07/2024 à 12h47

VidéoÀ Fès, les artisans continuent de perpétuer l’art de la confection des Âmarias, ces palanquins finement décorés, symboles des mariages marocains, entretenant un savoir-faire ancestral malgré les défis du présent. Reportage.

Fès, 9 heures du matin. Les rayons du soleil commencent à poindre dans les étroites ruelles de la médina, créant des jeux d’ombres et de lumière sur ses murs d’une blancheur immaculée. L’odeur du bois fraîchement coupé et le son des marteaux résonnent dans l’air chaud. Ici, dans ce petit atelier, Abdelhafid Alaoui, les mains marquées par des années de travail, ajuste avec précision un motif délicat sur une Âmaria, spécialement commandée par une nouvelle mariée qui va prochainement célébrer son union.

«Il y a de l’affluence cette année pour l’achat des Âmarias, principalement par les neggafate, et notamment en cet été, saison par excellence des mariages», déclare Abdelhafid, non sans fierté. Autour de lui, des cadres de bois, des feuilles de cuivre et des fils de sqalli s’entassent. Chaque année, cet artisan chevronné et ses pairs ne cessent d’innover, introduisant de nouveaux décors et motifs, tout en conservant l’authenticité des Âmarias traditionnelles.

Dans l’atelier de Abdelhafid, l’ambiance est à la fois studieuse et conviviale. Des morceaux de bois de cèdre soigneusement sélectionnés sont coupés, poncés et assemblés. «On travaille tout d’abord le bois, ou le cuivre selon le modèle de Âmaria», explique-t-il, les yeux concentrés sur son ouvrage. Chaque pièce est ensuite ornée de sqalli, une broderie dorée, et de sfifa, des bordures finement tissées.

Non loin de là, dans une rue animée de la médina, Abdessamii Kasara accueille des clients curieux. Les étals de son atelier sont remplis de plusieurs modèles de Âmarias. «Il y a une faible affluence en ce moment. Mais il y aura sûrement plus de demandes avec les arrivées des MRE dans les jours à venir», confie-t-il.

Les modèles plus petits sont prisés par ceux qui veulent célébrer leur patrimoine même loin de leur terre natale, à savoir les MRE, dit-il. Cependant, tous les artisans ne partagent pas le même optimisme. Au marché des menuisiers, Idriss Ajjali exprime ses préoccupations. «Le nouveau pôle artisanal à Aïn Nokbi a constitué un obstacle à l’affluence des touristes et des visiteurs. Il a éloigné les artisans des circuits touristiques traditionnels de Fès, rendant leurs ateliers plus isolés et moins visibles», regrette-t-il.

Par Youssra Jaoual
Le 10/07/2024 à 12h47