L’Arabie saoudite est-elle en passe de devenir une concurrente féroce du Maroc sur le marché des tournages étrangers? C'est un point qu'a relevé Khadija Alami, productrice et directrice générale de l’entreprise de production K film, jeudi 1er juillet, durant la conférence sur la culture dans le nouveau modèle de développement organisée à Casablanca.
«L’Arabie saoudite risque de nous concurrencer lorsque l'on voit qu’elle propose 50 % de Cash Rebate» a-t-elle lancé en soulignant que le Maroc devrait à son tour proposer d’autres avantages plus incitatifs aux investisseurs étrangers.
Le Cash Rebate, c’est l’option de remboursement sur les dépenses qui est offerte aux producteurs de films et de séries étrangers. Au Maroc, le Cash Rebate est de 20 %. «C’est vrai que ce taux est bas, quand on le compare à d’autres pays même européens comme les Iles Canaries ou Malte où il avoisine les 40 %, mais il faut savoir que le Maroc propose d’autres avantages, comme par exemple l’absence d’impôt sur le revenu et les salaires qui sont nets» tempère Sarim Fassi Fihri, directeur général du Centre cinématographique marocain (CCM).
Le patron du CCM, qui est également président de la Ouarzazate film commission, avoue que les Saoudiens sont agressifs dans leur stratégie actuelle et arrivent ainsi à séduire beaucoup d’investisseurs étrangers, mais il pense également qu’il faut attendre avant de pouvoir juger de l'impact de cette politique. «Ils viennent tout juste de commencer, l’avenir nous en dira plus». C'est en effet en 2020 qu'a été créée Film Alula, une nouvelle commission cinématographique régionale, destinée à promouvoir la région d'Alula en tant que destination pour les tournages.
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Dans un entretien accordé au site d’information Arab News, Stephen Strachan, commissaire à la cinématographie auprès de Film Alula a expliqué en avril 2021 qu’une série de prestations sont proposées aux sociétés de production, à savoir une aide à la production gratuite et sur-mesure, des repérages des lieux de tournage et une expertise concernant les tournages sur le site historique d’Alula et dans le reste de l’Arabie saoudite, un soutien dans la recherche d’équipements et d’équipes de professionnels au niveau local et régional.
A la question de savoir si le Maroc pourrait proposer plus d’avantages aux investisseurs étrangers, qui sont actuellement au nombre de 6 en tournage dans plusieurs régions du Maroc, Sarim Fassi Fihri a répondu en ces termes. «Ces incitations ont commencé à peine en février 2018, cela fait à peine trois ans. Il faudrait peut-être attendre deux ans supplémentaires, avant de pouvoir amender les mesures actuelles et proposer d’autres incitations…».
L'avenir nous dira donc si le Maroc réussira à maintenir son statut de terre de tournage avec ses incitations actuelles ou si les investisseurs lui préfèreront l'Arabie saoudite.