Tahar Ben Jelloun et Brahim Alaoui lancent en 2026 «Photo Tanger», Festival international de l’image

Tahar Ben Jelloun et Brahim Alaoui. (Photomontage)

EntretienEn juin 2026, Tanger accueillera la première édition de Photo Tanger, Festival international des arts visuels. Son directeur artistique, Brahim Alaoui, en dévoile les ambitions: rendre hommage à l’histoire photographique de la ville tout en l’ouvrant aux nouvelles formes de l’image. Il revient également sur la genèse de ce projet inédit et sur les enjeux culturels qu’il entend porter.

Le 13/09/2025 à 12h30

Tanger s’apprête à accueillir en juin 2026 la première édition de Photo Tanger, Festival international des arts visuels. Porté par un collectif de huit personnalités tangéroises passionnées, parmi lesquelles l’écrivain Tahar Ben Jelloun et le directeur artistique Brahim Alaoui, cet événement inédit mettra à l’honneur la photographie d’hier et d’aujourd’hui. Le festival investira aussi bien les galeries privées que les musées et les places publiques de la ville. Dans un entretien, Brahim Alaoui revient sur la genèse et les ambitions de ce projet culturel d’envergure.

Le360: Avec Tahar Ben Jelloun et d’autres personnalités tangéroises, vous vous lancez dans l’aventure du Festival international des arts visuels prévu pour 2026. Qu’est-ce qui a déclenché cette initiative?

Brahim Alaoui: L’idée est née d’un constat partagé: notre attachement profond à Tanger, cette ville qui nous a ouvert les yeux sur le monde. Nous sommes sept personnes issues d’horizons différents – Tahar Ben Jelloun, Brahim Alaoui, Abdelaziz Idrissi, Souad Rahmouni, Itimad Bouzid, Jamal Souissi et Fadel Chraibi – et nous nous retrouvons régulièrement autour de notre passion commune. Or, malgré quelques initiatives, nous ressentons un manque sur le plan culturel à Tanger. C’est ce vide que nous avons voulu combler en contribuant à la dynamique de la ville et en apportant notre pierre à l’édifice à travers un projet culturel ambitieux.

«Des expositions en plein air animeront les grandes places publiques, afin de garantir un accès ouvert à tous et d’éviter que l’événement ne se cantonne à un cercle élitiste.»

—  Brahim Alaoui, Directeur artistique, curateur.

Quel est le concept du festival ?

Photo Tanger mettra la photographie à l’honneur. Cet art visuel est profondément lié à l’histoire de la ville puisque les premiers studios de photographes s’y sont installés dès 1873-1874.

Le festival veut renouer avec cette mémoire tout en valorisant la création photographique contemporaine, marocaine et internationale. Chaque édition s’articulera autour d’une thématique. Pour la première, nous avons choisi «L’appel de l’ailleurs».

Comment l’événement se déploiera-t-il sur le terrain?

La direction artistique sera assurée par Abdelaziz Idrissi et moi-même. Chaque exposition, qu’elle se tienne dans une galerie privée ou dans un espace public, sera confiée à un commissaire.

Les trois galeries de la ville – Dar D’art, Kent et celle de Khalil Benghrib – accueilleront des expositions «curatées». Les musées, dont celui de la Kasbah, ainsi que la Fondation pour la Photographie de Tanger, seront également impliqués.

«Le choix du mois de juin n’est pas fortuit: cette période, propice à la fréquentation culturelle, permettra au public de profiter pleinement du festival, qui s’étendra tout au long des trois mois d’été. »

—  Brahim Alaoui, Directeur artistique, curateur.

En parallèle, des expositions en plein air animeront les grandes places publiques, afin de garantir un accès ouvert à tous et d’éviter que l’événement ne se cantonne à un cercle élitiste. Des partenariats sont également établis avec des associations locales pour associer pleinement la société civile à ce rendez-vous. La programmation se veut résolument inclusive, en faisant dialoguer les talents de la photographie marocaine avec des artistes de renommée internationale.

Vous avez annoncé que la première édition se tiendrait en juin 2026. Pouvez-vous nous préciser la date exacte de l’événement?

Nous allons bientôt nous réunir pour travailler sur l’organisation mais nous n’avons toujours pas fixé de date. Le choix du mois de juin n’est pas fortuit: cette période, propice à la fréquentation culturelle, permettra au public de profiter pleinement du festival, qui s’étendra tout au long des trois mois d’été.

Vous avez choisi la photographie, alors que l’on vous connaît davantage à travers votre carrière dans les arts plastiques…

Il s’agit en réalité d’un véritable Festival international de l’image. Car l’image, omniprésente aujourd’hui, traverse les arts plastiques, la recherche visuelle, le numérique ou encore la vidéo, soulevant des problématiques qui dépassent largement le seul champ de la photographie. Nombre d’artistes peintres intègrent désormais la photo et la vidéo à leur pratique picturale. Pour ma part, mon intérêt pour la photographie remonte à plusieurs années. Lorsque j’étais à l’Institut du monde arabe, j’ai notamment organisé une exposition de Daoud Aoulad-Syad et convié Henri Cartier-Bresson. Cette rencontre, particulièrement marquante, avait profondément réjoui le photographe et le cinéaste.

Par Qods Chabâa
Le 13/09/2025 à 12h30